Un Don Juan des temps modernes cherche à devenir moins égoïste.
Première critiques:
Citation :
Variety (Peter Debruge) : "Là où le Shame de Steve McQueen abordait le phénomène de l'obsession sexuelle sous l'angle plus obtus du film d'art et d'essai, Joseph Gordon-Levitt brode le sujet dans une comédie romantique largement accessible (...)."
Screen International (Tim Grierson) : "(...) En grande partie comme son personnage, les débuts derrière la caméra de l'auteur-acteur-réalisateur Joseph Gordon-Levitt sont à la fois généreux, un peu maladroits, attachants, et incroyablement bruts de décoffrage (...)."
Télérama/Cinécure (Aurélien Ferenczi) : "Le film renvoie dos à dos le mâle obsédé par la performance et son propre plaisir et la fille à qui l’on a bourré le crâne d’un romantisme de pacotille. Le cinéma américain a rarement été aussi direct dans l'éternelle réflexion sur le sexe et l'amour, en témoigne la litanie de branlettes du personnage principal – tout est hors champ, sauf les Kleenex. Certes, Joseph Gordon-Levitt n’est pas Steve McQueen (le cinéaste), mais sa comédie, plus terre-à-terre que Shame, fait souvent mouche…"
The Guardian (Jeremy Kay) : "Gordon-Levitt fait des débuts prometteurs en tant que réalisateur et utilise sa rénommée pour inviter quelques stars, via des caméos qui ajoutent au côté fun du film. L'effet global est un peu voyant, tapageur et simpliste, mais c'est un premier film, et Gordon-Levitt développe efficacement les figures comiques de la répétition de situation, tandis que la famille italo-américaine du personnage principal, formée de stéréotypes assumés, fonctionne bien. Tony Danza est particulièrement mémorable dans le rôle du père de Jon."
The Hollywood Reporter (Todd McCarthy ) : "Il y a (dans le film) un lourd arrivisme testostéroné (…) qui devient assez vite désagréable, et un manque de réflexion sur soi qui rend Jon, et le film avec lui, uni-dimensionnel, de façon frustrante."
Après être devenu une icône indé – BRICK, MYSTERIOUS SKIN, 50/50 – et hollywoodienne – INCEPTION, THE DARK KNIGHT RISES, LINCOLN –, Joseph Gordon-Levitt se lance l’ultime défi : passer derrière la caméra. Un de ces challenges qu’il se devait de relever haut la main, sous peine de subir le retour de bâton de tous ceux l’attendant au tournant. Avec DON JON, il livre un portrait caustique et emballant d’un égocentrique se roulant dans la fange de la masculinité la plus beauf. Un mec capable de lancer, en y croyant, des phrases aussi définitives et fleuries que : « La chatte, c’est bien, mais pas autant qu’un porno ». Le tout entre deux confessions à l’Eglise, où il débite à son prêtre le nombre de fois où il s’est masturbé cette semaine, en espérant l’absolution… Autant dire que DON JON se déroule sur un air de folie douce et de totale hilarité. Dialogues, situations, interprétations, belles idées de mise en scène et de récurrences de montage : tout concourt à un grand show comico-cartoonesque. Mais pas uniquement : les contradictions et les excès de ce garçon, Gordon-Levitt les observe avec acuité et empathie. Pour l’aider à bâtir cette analyse jusqu’au-boutiste, le néo-réalisateur a un allié de poids : lui-même, dans le rôle-titre. Il joue ici plus libéré que jamais, n’hésitant jamais à pousser le bouchon trop loin, à aller vers le franc mauvais goût ou l’outrance assumée. Une performance enlevée, qui tire vers le haut celles de tous ses comparses, notamment Scarlett Johansson – qui détourne son sex appeal pour en faire un exemple tonitruant de vulgarité – ou Tony Danza – en père ayant sans aucun doute servi de modèle à son rejeton, tant leur attitude et leur look apparaissent similaires. Alors certes, le parcours de Jon Martello ne s’avère pas vraiment surprenant et l’on décèle assez rapidement vers quoi Gordon-Levitt tend, et la manière dont il va y parvenir. On dénote même une certaine difficulté à boucler son récit sans bégayer. Il n’en demeure pas moins qu’il développe ici un propos passionnant sur la manière dont toute une génération a vu son rapport à autrui, à l’amour et au sexe gangréné par le pouvoir de l’image. Qu’elle provienne de la pub, des clips vidéo, des films de série Z, des pornos ou des comédies romantiques. Un flot qui mène chacun à se bercer d’illusions, à se construire des credo existentiels dénués de la moindre spiritualité. Gordon-Levitt ne sombre pas pour autant dans la dénonciation facile ou puritaine puisqu’il laisse l’opportunité à ses personnages de déroger à ce que la société de l’image semble avoir fait d’eux. Son regard est moderne, décomplexé, gorgé d’intentions louables exécutées avec sincérité. Clairement, ceux qui l’attendaient au tournant attendent encore.