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Le Caire, janvier 2011, quelques jours avant le début de la révolution. Une jeune chanteuse est assassinée dans une chambre d’un des grands hôtels de la ville. Noureddine, inspecteur revêche chargé de l’enquête, réalise au fil de ses investigations que les coupables pourraient bien être liés à la garde rapprochée du président Moubarak.
Film extrêmement bien reçu, j’étais trés curieux, un thriller exotique, oriental, avec un fond socio politique, c’est original et en fan de thriller, pour moi ca part TRES bien
et j’ai juste trouvé ça pas mal. ( ce qui est déjà bien ! Ah si si
) on va donc s’expliquer TOUT en explorant pourquoi malgrès mon ressenti, à y regarder de plus prés y a énormément de choses interessantes, et de choses à dire
Donc: Tout commence donc avec un crime mystérieux. Et, c'est plutôt bien mis en scène . La caméra s'interessant d'abords à nous immerger dans notre découverte du mystère ; en l'occurence, nous suivons un personnage secondaire (une femme de chambre Soudanais/ Mari Malek très bien) et nous rencontrons ,alors, une thématique visuelle que nous allons retrouver dans le film, la perception : il y a ce qu'on croit voir... ce qu'on a du mal à voir... ce qu'on ne voit pas... ou encore ce qu'on ne veut pas voir, ce qu'on fuit... jusqu'à que la réalité nous rattrape : jusqu'à des fulgurances visuels inattendues, et parfois brutales, en tous cas vecteur de tension. La toile de fond est bien la révolution à venir.
Le film alors alterne alterne des moments relativement stylisé, (j'insiste sur le relativement, ça reste classique) plus issu du film de genre, presque fantasmagorique, à des moments plus naturalistes, ou en caméra portée, comme pour mieux mettre en relief ce monde qui peut sembler banal, routinier, un monde qui en tous cas a pris bcp d'habitude....comme si on voulait d'autant plus, par ces moments plus visuels, nous réveiller de sa " torpeur".
Ainsi, le film se déroule aussi dans des nuits, baignées dans une lumière orange ocre très belle, couleur qui rappelle qu'on est bien en Orient, (à noter que si le film est censé se passé au Caire, il a été tourné au Maroc) mettant en valeur la ville tentaculaire du Caire donc, et participe ainsi à deux autres idées : d'une part elle participe à cette nuit qui n'est jamais vraiment noire donne l'impression que les personnages ne dorment jamais vraiment, mais aussi à un sentiment lancinant. Sentiment lancinant, Entrecoupé encore une fois par des fulgurances , ou au détours de virés en voiture, dans une ville qui semble bouillonnante de vie, surgisse, la foule, des individus, la tension sous jacente est palpable.
Celui qui nous guide dans ce monde inquiétant c'est l'Inspecteur Nordine (Fares Fares, oui c'est bien son nom, très bon) va devoir dénouer une énigme à qui semble labyrinthique et affronter plus encore....
Noredine, c'est un flic attachant bcp d'importance à avoir l'air toujours impeccablement coiffé( mais qui vit de manière bordélique, en ce qui concerne son environnement )[/spoiler] Un homme déterminé dans une enquête qui le dépasse. En sachant que c'est aussi un policier corrompu, comme l'est la police, elle même en Egypte, comme l'est le système dans son entier...
Fares Fares, donc est très charismatique, avec sa gueule taillé à coup de serpe, sa veste de cuir noire qui ressort d'autant plus dans l'ocre de ces nuits, sa dégaine de grand échalas baroudeur et ses expressions intenses. Le réalisateur le met donc plutôt bien en valeur lui donnant quelques moments assez cinématographique comme aussi un plan de duel de western, et quelques autres dans la veine de Taxi Driver ( avec des références d'ailleurs assez explicites mais qui servent le propos)
Son personnage nous est dévoilé par petite touches (très petites) et on la le portrait d'un homme, embarqué dans un système de corruption, de manière passive.
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Passif au point qu'au détour d'un plan, lorsqu'il reçoit un pot de vin, le réalisateur choisit de nous flouter l'argent
. Ainsi, d'une manière qui n'est jamais pathos (mais assez cliché), on nous révèle petit à petit un homme blasé...et surtout dépressif. Un homme , qui s'est déconnecté du monde qui l'entoure, et qui a aussi d'ailleurs ...un train de retard sur les nouvelles technologie. Cette même technologie qui vient même lui rappeler qu'il est réellement déconnecté :
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(jusqu'à sa tv qui ne marche pas, ou lui donne finalement l'Italie)
Un homme qui s'abrutit autant qu'il le peut
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(alcool notamment)
. Noredine, c'est un homme "fonctionnel" parfaitement intégré qui s'est trop vautré dans un relatif confort, en acceptant l'anormal et l'injuste. En fermant les yeux sur les drames et malheurs. Y compris le sien
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( on apprend sur le tard dans le métrage, que sa femme s'est tuée dans un accident de voiture)
Un homme qui ne voit plus ce qui se trame non loin...Comme bcp de gens du système, il ne voit pas, ou ne veut pas voir la colère qui monte. un homme donc juste concentré sur son enquête, et ce crime qui semble impliquer des gens du pouvoir.... un homme donc, qui quelque part vous l'avez compris cherche la rédemption.
Le réalisateur nous le développe aussi, avec de beaux portraits de femmes. Littéralement : elles sont belles, lumineuse ( avec leur parts d'ambiguïtés de noirceur et de nuance) et, elles voient le système tel qu'il est, et témoigne qu'il broie l'individu et notamment les fragiles et les pauvres... et qui justifie donc finement la colère du peuple.
Soucis, si par ce biais, le réalisateur réussit à humaniser, Noredine (notamment, avec deux trois scènes assez belle, avec l'actrice Hania Amar, chanteuse dans le film, à l'aura magnétique et sensuelle) cela arrive quasiment à mis parcours du film, et il y a vraiment très peu de choses pendant un assez long moment, pour comprendre ce qu'il traverse, et donc avoir de l'empathie pour lui. Difficile donc aussi de comprendre (autrement qu’intellectuellement) pourquoi il est si accroché à son enquete et donc d’en etre passionné, tout cela semblant manquant donc d'enjeu... Et alors qu'encore une fois, Il ne nous est pas épargné les clichés du genre
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( il boit, est assez bordélique, ne repasse pas ses chemises, )
Soucis encore, si les autres seconds rôle sont bien joués, ils sont en nombre, et n'ont rien de marquant non plus.
Soucis toujours, si le propos est très interessant, si le mystère visuellement a des propositions qui font sens, le film a surtout du mal à trouver son rythme, et ne nous épargne pas quelques longueurs... Aussi si quelques fausses pistes nous mene relativement en bateau, il reste assez classique dans son déroulé ( à un point prés) et m'a semblé finalement assez prévisible...si ce n'est que la résolution de l'énigme ne semble pas si importante en soit, étant elle même est balayé par le propos. C'est au final assez angoissant en ce qui concerne les lendemains probables de cette fin.
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Emporté par la colère, ne va t'on pas balayé le pourquoi véritable, et ne pas apprendre du passé. de la corruption et des horreurs qu'on banalise jour après jour?
Un film au propos socio politique sous jacent fort, correctement mené, mais à la trame assez classique et qui m'a paru émotionnellement difficile d'accès.