Mulholland drive. Topic ouvert à toutes les interprétations

Mulholland drive est typiquement le genre de film que l'on a envie de revoir dès qu'il est fini. Regrettant vraiment de ne pas être assez grand pour pouvoir me souvenir de l'accueil qu'on lui a réservé à l'époque, le film a pour moi été une sorte d'expérience mentale et émotionnelle, rien compris au début mais second visionnage beaucoup plus abordable (second visionnage qui s'est effectué seulement deux jours après mon premier). Alors qu'est-ce que Mulholland drive, un film sur le rêve ? la réalité ? la dure frontière entre rêve et réalité ? ou simplement un drame humain où le principe du rêve n'en est qu'un vecteur ?

Avec ce film, Lynch ose quelque chose de rare à Hollywood, il ne prend jamais le spectateur par la main et l'emmène dans des lieux sans vraiment savoir pourquoi ce lieu. Durant le film, on se pose ainsi plein de questions, pourquoi cette scène ? pourquoi il a fait ça ? qui c'est ce type ? qu'est-ce qui vient de se passer ? Le principe c'est qu'il n'y a pas d'explication, de la même manière qu'un rêve n'a pas forcément besoin d'explication lorsqu'on le raconte. Lynch semble avoir compris que les sens des rêves, c'est justement qu'il ne faut pas en chercher du sens, et il réussit à transposer ça dans un film où l'on se demande même parfois s'il a conscience de ce qu'il fait. Entre bizzareries, singularité et élements étrangement familiers, toute la première partie du film est un immense rêve où le personnage qui le fait va peu à peu être rattrapé par la (dure) réalité. C'est par des scènes tels que le récit au snack-bar ou encore le récurrent "This is the girl", ou bien le mystérieux cow-boy sorti de nulle part que Mulholland drive nous entraîne dans les prémices d'un rêve à la fois tellement compliqué mais tellement commun à tous (personne au monde n'a jamais fait un rêve). C'est en cela que Mulholland drive est peut-être un film presque universel, difficilement accessible car le domaine des rêves ne peut jamais être traité de manière simple.

Mais le but n'est pas uniquement de faire un film sur quelqu'un qui rêve, ce quelqu'un doit avoir une histoire, des sentiments, une personnalité, un entourage, des peurs... dès lors qu'on comprend où se situe le rêve et où se situe la réalité, le film réussit à prendre la forme d'un puzzle où les éléments du rêve n'ont pas été choisi au hasard, ils font partie intégrante de la vie du rêveur. La relation que noue Betty et Rita devient vite ultra-passionnante, l'alchimie entre les deux actrices prend vite, jusqu'à prendre une tournure beaucoup plus intimiste où même le spectateur a du mal à trouver sa place tellement il s'en voudrait de briser un tel couple. Naomi Watts et Laura Harring accomplissent toutes deux une performance à l'image du film, touchante, habité et gracieux.

Mulholland drive est donc une histoire d'amour passionnante et passionné où, aussi étrange que cela puisse paraître, tout nous paraît réaliste et nous parle même à nous. Il y aurait encore énormément de choses à dire sur le film, notamment sur toute la partie satirique du système à Hollywood, mais il est plus un film qui se vit plutôt qui se raconte.

Chef-d'oeuvre, aussi simple que cela

Le film m'a retourné et je n'ai pas encore d'explication à donner

Citation :

Mulholland drive est donc une histoire d'amour passionnante et passionné où, aussi étrange que cela puisse paraître, tout nous paraît réaliste et nous parle même à nous.