Il y a quelque chose de fascinant dans la manière dont la "saga" Cloverfield a une façon de déjouer nos attentes... sans qu'on sache vraiment quoi en attendre. En été 2007, le teaser de Cloverfield débarque de nulle part, le film n'a même pas encore de titre: une fête, une explosion dans New York, un rugissement et la tête de la statue de la Liberté qui vole comme une balle de baseball, done. Un film dont on ne sait rien va débarquer dans 6 mois, l'imagination est en marche au sein d'une communauté qui multiplient les théories et les analyses image par image du teaser. Le film débarque en Janvier 2008, le buzz a payé, le budget est remboursé de 7 fois, le film est à titre personnel une claque. Tout le monde n'a pas été convaincu en partie car il y a eu des mals de tête voire même des vomissements à la vue du film. Mais Matt Reeves a son ticket d'entrée à Hollywood. Cloverfield ressuscite le found footage, entre le projet Blair Witch et Cloverfield, c'est 9 ans où le genre est inerte. Depuis 2008, on passe de 3, 4, 5, 6 films en found footage par an.
Cloverfield mûrit au fil des années, alimenté par une communauté qui cherche à discerner les secrets du monstre et qui reste fixé sur le dernier plan du film "C'est quoi ce truc qui se crashe dans l'océan ?". Une suite est fantasmé, on l'attend, des rumeurs à droite à gauche, rien de concret, le temps passe et on perd espoir. Début 2016, un teaser débarque de nulle part, 10 Cloverfield Lane, et holy shit le film sort dans 2 mois. J.J. Abrams a eu la parfaite diversion pour cacher l'existence du film, une diversion qui s'appelle Star Wars VII. Mais suite ou pas suite ? Un film génétiquement relié, une sorte de twilight zone. La communauté de Cloverfield n'en reste pas là et dissèque le moindre élément pour établir un pont. 10 Cloverfield Lane est applaudit à 75 %, la fin laisse un goût amer mais le buzz instantané a marché et le film rembourse son budget par 7.
Après un film de monstre et un huit-clos, on est lancé, la saga Cloverfield semble vouloir mélanger les genres. Un Cloverfield 3 est annoncé sous le nom de God particle, le synopsis très vite dévoilé, on aura affaire à un thriller spatiale. Le culte du secret est éventré pour ce film, surtout dû aux reports de date de sortie. Un teaser débarque enfin au super bowl, on aura une date de sortie et holy shit c'est le jour même sur Netflix. Mais qu'est-ce que ça vaut ?
Meh !
Le film est speed, on enchaîne les situations sans perdre de temps, pour autant ce n'est jamais trop précipité. Me suis pas ennuyé. La première partie fonctionne bien, y'a des moments wtf (même si on comprend vite ce qu'il se passe), les personnages et acteurs/rices sont engageants, mention à Daniel Bruhl. La partie sur Terre n'a pas vraiment de pay off (malgré la fin, j'y reviendrais). La deuxième partie beaucoup moins inspiré, c'est déjà vu, c'est du Alien, du Sunshine, du Fringe etc. Cloverfield et 10 Cloverfield Lane étaient des réussites dans leur genre, celui-là est vraiment entre le bas et le moyen du genre science-fiction. Rien d'honteux dans le fond et la forme mais définitivement pas à la hauteur de ses prédécesseurs.
La fin dresse un pont maladroit, le monstre sort de nulle part et surtout impossible que ce soit le même du premier film. Malheureusement ça donne une incohérence et laisse sur une impression d'inachevé. Le film se finit sur comment il aurait dû être à sa deuxième partie.
Et après ? Un quatrième film va arriver en Octobre (si tout va bien), le titre va certainement encore changer, on connaît le synopsis, ça donne plutôt envie; après le film de monstre, le huit-clos, le thriller spatial, place au film de guerre. Que vont-ils nous réserver en terme de marketing ? Honnêtement après le coup du "le film sort ce soir", je ne vois pas comment ils peuvent rivaliser avec ça. Pour l'heure, espérons juste que The Cloverfield Paradox ne soit juste qu'une erreur de parcours qui a quelques qualités respectables mais manque cruellement de punch et de saveur.