Alors là quand on parle de film culte, celui là en est l’essence, la preuve ? un succès énorme, une pluie de récompenses et 4 remake ! mais alors d'où vient cet engouement ? Je pense que tout a été dit et je ne donne que mon humble avis.
D'abord c'est le début du parlant depuis peu, les salles de cinéma se remplissent toujours aux nouveautés, ensuite on s'éloigne de la terrible dépression de 1929 et le moral revient l'économie US est florissante et Hollywood est un El dorado. Mais surtout l'histoire c'est celle du cinéma, du succès, de la gloire, et de sa chute, car nous le public sommes sans la moindre compassion, aussi prompt à aduler, à vénérer ces étoiles éphémères qui plongent au plus bas après avoir tutoyer les sommets.
C'est exactement le scenario du "dernier des hommes" du Murnau, qui utilisera un portier d'hôtel pour la même démonstration.
Oui le film raconte tout simplement ce qu'est le cinéma, ses intervenants, producteurs, journalistes et les stars, ces comètes qui se consument intensément et brièvement telles des fusées de feu d'artifice.
La démonstration se base sur le croisement de 2 personnes, l'une au sommet et l'autre inconnue, et l'ascension de la seconde est aussi rapide que la chute de la première, le sadisme du scénariste étant d'en faire un couple qui s'aime, ce qui aboutit à les rendre tous les 2 malheureux. Hazanavicius s'est largement inspiré de ce film pour sa pépite "The Artist" qui est un film hommage à cette époque magique.
Et ne nous dédouanons pas de nos torts, nous les spectateurs qui brulons celles et ceux que nous avons adorés. Une leçon bien nécessaire pour toute star émergente qui pourrait se croire éternelle, car plus dure sera la chute et combien en sont morts, par alcoolisme, drogue et tout simplement dépression.
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Coté comédiens, ça claque, le ton est vif et personne ne mâche ses mots. Nous sommes entre 2 guerres et la règle n'est pas la délicatesse ou la diplomatie, c'est la franchise, certes meilleure que l'hypocrisie mais oh combien traumatisante, les mots étant souvent plus dévastateurs que les coups. Fredric March interprète excellemment cette star fêtarde qui se croit tout permis et intouchable et qui va payer très cher ses écarts une fois la gloire disparue, "les premiers seront les derniers" comme dirait FW Murnau. A noter que ses répliques pleines d'un humour noir et de cynisme sont un vrai régal, une époque où les scénaristes étaient un peu écrivains !
Mais bien sûr LA star de la FOX devenue 20th Century Fox, c'est l'adorable Janet Gaynor formidablement adaptée au parlant, une des rares à avoir réussie ds les 2 époques. 10 ans après l'Aurore et plusieurs autres succès, elle rayonne encore et toujours par son naturel qui est douceur, simplicité et sincérité, elle joue qq part son histoire, celle de la plus jeune oscarisée à 22 ans et projetée en haut de l'affiche à la même vitesse que son héroïne. Janet fait du Gaynor, ça tombe bien c'est ce qu'on adore et ce film sera le sommet de sa carrière. Ce qui est constant dans ses rôles c'est la force de son amour, chaque fois confrontée aux pires malheurs, elle résiste à tout et demeure fidèle, au prix de tous les sacrifices, je ne sais pas si ça existe encore un tel amour, mais en tout cas ça plait toujours d'y croire.
Le parallèle avec sa propre vie va plus loin puisqu'elle abandonnera le cinéma 2 ans après, à 32 ans, comme dans ce film, probablement consciente d'être dépassée par de plus jeunes starlettes...
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