Sujet: 1927 - l'heure suprême de Borzage Sam 26 Oct - 9:13
7th HEAVEN Sa fiche WIKI
USA - Frank Borzage - 2h
Distribution: Janet Gaynor : Diane Charles Farrell : Chico Ben Bard : Col. Brissac Albert Gran : Boul David Butler : Gobin Marie Mosquini : Madame Gobin Émile Chautard : le père Chevillon Gladys Brockwell : Nana
Synopsis
Paris 1914, Chico est égoutier et rêve de devenir nettoyeur de rue, en surface, il rencontre Nana et Diane et sauve cette dernière des griffes de son alcoolique de soeur...
Une superbe présentation
Commençons juste par les prix en 1927
On peut dire ce que l'on veut, mais les années 20 étaient pleines de douceur, le public adorait les romances et surtout les mélodrames, et Hollywood était peuplé de néo artistes purs, talentueux, vierges de cocaïne avant que la mafia n'y fasse sa loi , celle du fric, de l'apologie de la sauvagerie, du sexe, de la guerre et pire de la banalisation des drogues,...
Comment ne pas être nostalgique ? franchement
Traitez moi de vieux con, si ça vous fait plaisir, mais alors c'est que si vous ne pouvez apprécier ces films vous n'êtes que des sauvages incultes, amputés du cœur et qui se croient civilisés.
Quand on voit ces films bouleversants de sincérité, certes de naïveté évidemment car le cinéma n'a que 20 ans, une époque de pionniers où seuls les artistes perçaient. Et d'ailleurs tous les talents du monde allaient à Hollywood, la terre sainte du 7e Art.
Quand je vois la programmation du mercredi, j'ai la gerbe et en même temps la colère car évidemment les productions répondent qu'ils suivent les goûts des jeunes, tu parles pff !!! mais en fait après les avoir formatés pdt 2 décennies à coup de marketing outrancier et privés de la beauté originelle du Cinéma, ils ne sont même plus capable de sortir de leur heureuse aliénation, tel les esclaves heureux de Matrix.
Mais je digresse, pardonnez moi.
Cependant pensez y, réalisez votre aliénation,
Et prenez la pilule bleue.
Venons en donc au film, Mr Borzage nous fait le grand honneur de faire un film sur la France, à Paris en 1914, merci à lui, et ce qui est plaisant, ce sont des airs bien de chez nous qui bercent tout le film: la madelon, cadet roussel, la marseillaise, fanfan, ... je suppose que les plus jeunes ne les connaissent pas, essayez de les reconnaitre, voire de les découvrir, c'est notre histoire, il nous a vraiment gâtés.
L'année suivante c'est en Italie à Naples qu'il racontera sa "Street Angel", il aime vraiment l'Europe
Encore une fois la traduction du titre en français est pathétique, non mais "l'heure suprême", ... la bonne c'est 7e ciel, car en lisant sur la bouche des comédiens qui parlent souvent en français, faites y attention vous verrez, car le cinéma est p-e muet mais pas les comédiens qui parlaient pdt les tournages. Ainsi Diane répond OUI et pas YES et on devine qu'ils ne disent pas heaven (2 syllabes) mais ciel dans la tirade de leur amour: "Chico, Diane, Ciel", c'est logique car c'est l'horizon du balcon de Chico.
C'est donc une romance parmi les pauvres: Chico (C Farrell), étrange nom pour un français, probablement gitan, est un homme fort, fier, gai et travailleur, son seul rêve est de sortir des égouts pour nettoyer les rues et voir le ciel, car devenir "street cleaner" est une haute progression sociale et vivre un 7e étage sans eau courante mais qui permet de voir les étoiles est un paradis (heaven). Diane est une orpheline élevée pas sa grand soeur alcoolique et violente.
Du coup les chances de se rencontrer au début sont quasi nulles, mais le destin ou le "BON DIEU" s'en charge.
Sans spoiler disons qu'on part de qqu'un qui n'est pas du tout attiré par Diane, c'est même le contraire, il l'humilie même dans la scène du couteau, mais ces actes iront à l'inverse de ses mots, vous devinez aisément la suite. Comme dans tous ces films muets il y a sans arrêt de superbes plans et portraits en N&B, mais qqs phrases cultes quand même, les panneaux intertitres étant plus des dialogues que les descriptions, le cinéma parlant se rapproche. "Always lookin up" or "a very remarkable fellow"
Spoiler:
Il y a encore cette fois de très belles scènes, d'abord la tentative de suicide au couteau où Chico sauve Diane pour la 2e fois et enchaine avec une froide remarque sur la beauté du couteau, il ne peut pas être plus mufle, mais dans la minute qui suivra il lui évitera la prison en mentant à la Police, trahissant par cet acte son cœur d'or et son petit faible pour Diane. A ce stade là il n'est pas encore amoureux.
En lui laissant son lit, c'est Diane qui craignait pour son honneur qui passera progressivement de la reconnaissance envers son sauveur, à l'amour de son chevalier blanc. Les petites attentions iront croissantes, alimentant leur amour inavoué et bien caché. Est il amoureux depuis le début ? probablement non, mais après le passage du policier, elle part sans rien dire et il l'invite à rester, alors qu'il avait scandé le contraire depuis le début, Diane sait qu'il est bien accroché à cet instant.
La suite ne sera que la douceur d'un amour neuf jusqu'au cadeau suprême, la robe de mariée.
Bien sûr comme ds tous ces mélos, l’acmé du bonheur est fugace, plombée par l'annonce de la guerre.
La phase militaire est assez brève avec la cultissime bataille de la Marne et ses taxis, la sympathique "Eloïse" y participera pour son ultime trajet, morte pour la France
Il y a aussi dans le film les références religieuses, après tout "notre maitre qui êtes aux cieux" ou au paradis (heaven), c'est bien le fond du film, rajouté aux 2 prières de Chico l'athée: travailler en surface: exhausé et avoir une femme aux chevaux blonds: exhausé à moitié, puis ces médailles qui servent pour leur alliance en se mariant à la maison, et ensuite de communicateur tous les jours à 11h, oui Chico c'est sûr est devenu aveugle, mais son coeur à lui trouvé la foi...