Donnie Darko ( director's cut) de Richard Kelly

Citation :

Le film, entre thriller psychologique et fantastique, raconte l'histoire de Donald « Donnie » Darko, un adolescent en marge, intelligent mais perturbé. Il a un ami imaginaire, Frank, un lapin géant au visage effrayant. Lorsque, par miracle, Donnie échappe à la mort, Frank lui annonce que la fin du monde adviendra dans 28 jours, 6 heures, 42 minutes et 12 secondes.

J'arrive tard aprés la bataille. J'ai beaucoup aimé. On a la une tragédie étrange.  On a aussi une fable pertinente. (et bien plus encore! ) Un film qui je crois qu'il l'ait voulu ou non en dit beaucoup sur le monde dans lequel on vit.

Pourtant tout démarre presque comme un film amblin des eighties : On a une Banlieu pavillonnaire idyllique, un ton un peu décalé et  bon enfant.  Une histoire qui met en scene un outsider, dans un contexte fantastique. Et en meme temps, quelque chose est différent :   le film démarre aussi par une scene extremement étrange et intriguante  puis va s'aventurer dans des ruptures de ton, entre la comédie satyrique, avec un soundtrack eighties entrainant,  le teen movie, ou encore le fantastique très inquiétant. Le film est tout autant étrange dans la forme (Accéléré/ ralenti/ Les plans trés Kubrick de Donnie ) Tout cela est destabilisant et donne une fraicheur au film, une liberté qui fait plaisir à voir. Et, étonnament : l'ensemble marche. J'ai lu une définition qui me semble parfaite pour le film : la synthese de David Lynch, et Steven Spielberg ( des années 80)

Cette alliance des styles contre nature est au service d'une histoire qui dans son déroulé,  est tout aussi bizarre et complexe. Pour autant, Donnie Darko est loin d'etre compliqué pour compliqué, à en devenir "juste" abstrait. ( je ne citerais pas de film récents )  Au  premier degré le film raconte une histoire avec des personnages attachants, et une ligne narrative accessible et prenante. Pour mieux nous destabiliser : le film prend des détours étonnant, et il est difficile d' appréhender ou il va exactement. Il prend de cours, tant on se demande entre autre avec inquiétude, comment Donnie va dévisser, et si ses hallucinations sont bien réels au final.  Ce qui fera la joie de ceux qui aiment parler à ne plus finir d'un film. En effet,  il est difficile de donner une seule interprétation au film, mais il m'en apparait une tout de meme qui semble prendre le pas, et en tous cas, c'est celle qui va nous intéresser dans ce cadre.

Ce qui me semble particulièrement interessant c'est que Donnie n'est pas un narrateur fiable. On le dit , il est de plus en plus reclut dans son imaginaire. On peut dire , qu'il est gravement perturbé. Il a tout de meme des hallucinations assez récurrente. Qu'est ce qui est vrai qu'est ce qui ne l'est pas? J'ai envie de dire, peu importe. Donnie a ses moments, ou il semble trés mal à l'aise. Il a des coleres aussi trés violentes. Il a ce regard aussi, par moment quasiment psychotique. Son personnage aidé par la performance brillante de Jack Gyllenhall se paye le luxe d'etre à la fois très inquiétant, et éminément sympatique. On a envie que Donnie s'en sorte. Qu'il trouve une copine, et sa place dans le monde. On aimerait qu'il déploie son potentiel comme il est indiqué qu'il est un ado intelligent. Donnie est gravement perturbé, mais il n'est pas idiot et juste dingue : Il n'a pas la langue dans sa poche, et dans sa colère, sa défiance vis à vis du monde, sa détresse psychologique  il voit clairement dans le jeu de certains. Sa pertinence est d'ailleurs d'autant plus bienvenue dans le monde d'aujourd'hui, ou les positions se radicalisent, ou il n'y a plus de la place à la nuance et toute la gamme d'émotion que Donnie revendique. Donnie est profondément humain dans un monde qui veut formater les autres, et les leurrer, participant aux colères qu'on voit aujourd'hui. Fin du commentaire socio politique.  

Si Donnie est une merveille de personnage, quasiment, tous les seconds roles sont dépeint avec autant de brio. Certains sont surtout au service d'une idée, ou sont accessoire à l'histoire, mais globalement, il y a tout de meme la encore beaucoup de soin apporté, aidé par des acteurs qui sont tous géniaux

il y a dans Donnie Darko, de toutes les façons encore une fois une maitrise incroyable,  et alors que c'est un 1 er film avec un faible budget. ( ca se voit un chouilla par moments) On peut regretter que Richard Kelly n'est pas pu confirmer par la suite, quand bien meme on aura pu voir des flash de brillance par çi par là dans The Box et SouthLands a ses fans ( je réserve mon avis, car c'est un film que je n'ai pas vu ) mais quoi qu'il arrive il aura donné au monde avec Donnie Darko une piece maitresse du genre.

Donnie Darko : Un cocktail de cinéma étonnant, marchant à la perfection au service d'une histoire profondément humaine,  et particulièrement pertinente encore aujourd'hui.