Toy Story de John Lasseter

Toy Story (1995) de John Lasseter. Durée: 1h17.



L'Histoire

Woody est le chef incontesté des jouets d'Andy. Chouchou du jeune garçon, il partage avec ce dernier un lien fort qui semble indestructible. A chaque anniversaire, alors que tous les autres jouets paniquent et craignent qu'un nouvel arrivant ne leur vole l'amour de l'enfant, Woody semble le seul à ne pas redouter cette éventualité.

Pourtant, ce qui semblait impossible finit par arriver: un nouvel arrivant, le cosmonaute Buzz Lightyear, lui vole l'amour du jeune garçon et l'univers de Woody change: la chambre d'Andy, qu'il dominait jusque là, est consacrée aux couleurs de la science-fiction et les autres jouets reconnaissent en Buzz leur nouveau meneur.

Incapable de faire taire son orgueil, Woody décide de se débarrasser de Buzz. Le cosmonaute se retrouve ainsi dans le monde réel sans pitié. Mais, démasqué par les autres jouets, Woody est banni à son tour. Son seul espoir de retrouver sa place au sein du clan est de retrouver Buzz Lightyear et de le ramener. Mais ce dernier, convaincu d'être un véritable héros intergalactique, va l'entraîner dans une odyssée des plus périlleuses. Alors que tout un monde les oppose, le cow-boy et le cosmonaute vont devoir laisser leurs différents de côté pour retrouver ensemble leur chemin jusqu'à Andy.


Commentaires

Film culte de toute une génération, Toy Story est avant tout une oeuvre sur la magie de l'enfance qui rend un hommage magistral au 7ème Art.

Woody et Buzz, des héros très différents mais fascinants. L'un est un cow-boy, représentant d'une certaine génération et symbole de l'autorité, l'autre est un cosmonaute, représentant de la génération suivante et figure de l'étranger, de l'immigrant. Tout les oppose et c'est une véritable lutte à mort qu'il se livre pour un territoire: le coeur d'un enfant qui prend la forme d'une chambre.

Dès l'instant où le vaisseau de Buzz se crashe sur le territoire de Woody (le lit, symbole de sa domination), le shérif a tout de suite réalisé que le nouvel arrivant (venu carrément d'un autre monde) allait perturber l'ordre qu'il avait instauré dans son clan. Voyant qu'il lui volait son territoire, il s'est cru encore capable de pouvoir le bannir, ne réalisant que trop tard qu'il avait perdu toute influence sur ses anciens compagnon. Il est banni du clan à son tour. Pour retrouver sa place au sein du clan, il réalise qu'il n'a qu'une seule option: retrouver Buzz et lui faire retrouver sa propre place. D'abord pour des raisons égoïstes, Woody va peu à peu essayer sincèrement de ramener son compagnon d'infortune.

Commence une longue odyssée pour les deux héros, à travers différents mondes cinématographiques. En effet, si la chambre d'Andy représente le far-west, Buzz, éternel exilé, recherche d'une certaine manière un monde près à l'accueillir. Pourtant, le monde qui semblait le plus apte à son intégration, un univers de SF, le rejette à son tour, et c'est finalement dans un monde de films d'horreur que les deux héros se retrouvent.

Dans cette fameuse chambre de Sid où les âmes des jouets sont torturés éternellement et où la sortie est gardé avec vigilance par un chien féroce, Woody tente de sauver Buzz et, alors qu'il n'y a qu'un pas vers la seconde chance, leurs torts respectifs font qu'ils loupent cette opportunité. Ce n'est qu'en reconnaissant leurs fautes et en tentant de les expier en travaillant ensemble, chacun aidant l'autre, qu'ils trouveront le moyen de se sauver tout deux. Avec, au bout du chemin, peut-être une nouvelle chambre où tout deux pourront co-exister pacifiquement sans avoir à se disputer un territoire trop petit pour eux deux.

Cette odyssée magnifique, en pleine magie de l'enfance et bourrée de trouvailles visuelles, est un grand film du 7ème Art, de ceux qui créent un impact capable de changer une vie et de créer des vocations dans le monde de l'animation. Cela n'a pas manqué, de nombreux artistes tentant désormais leur chance dans cet eldorado de l'animation.

Si la réalisation date, il est surprenant de constater que la qualité de l'animation demeure toujours aussi convaincante et que la magie opère même encore plus que des productions récentes.

Mais plus que tout, le coeur de Toy Story, c'est cette histoire, capable de captiver l'imaginaire de toutes les générations de spectateurs. On retrouve la magie de cette génération Star Wars / E.T. / Retour vers le Futur, cette envie de profiter d'un voyage dans l'imaginaire collectif de l'enfance.

D'une certaine façon, et même si nous n'en avons pas forcément conscience, nous sommes tous (même indirectement) des enfants de Toy Story. C'est une oeuvre qui marque et qui a révolutionné le monde de l'animation pour en faire ce qu'il est aujourd'hui.

En 2010, ce rêve a pris fin, mais tout le monde sait que le plus important dans les plus grandes aventures humaines, ce n'est pas la destination (évidente dès le premier opus) mais le voyage. Et Toy Story fait à mon sens partie de ces grandes aventures humaines, d'autant qu'il est aux origines de mon envie de faire du cinéma, le premier film qui m'ait donné envie de raconter mes propres histoires alors que j'étais encore tout jeune. Donc, d'une certaine manière, pour moi le voyage n'est pas encore fini, et j'espère qu'il continuera encore longtemps.

Scènes cultes:









Je reste saisi par l'humanité débordante qui se dégage de ces personnages. En dépit de l'aspect technologique, il y avait une écriture et une sincérité dans ce film qui faisaient que les spectateurs ne pouvaient qu'être touchés.

Quelque part, et c'est le gros point fort de Toy Story 3, c'est que, pendant une vingtaine de minutes, le film avait réussi à retrouver cette sincérité, malgré son ton mélancolique.