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- Paterson est chauffeur de bus dans la ville de Paterson. Il fait son travail jours aprés jours, de maniere monotone. Un des seuls interet de son travail sont les conversations et anecdotes de ses passagers. Souvent des histoires qui ne se finissent pas. Dés qu'il le peut, il s'essaye à sa passion, la poésie. Par ailleurs, Il partage sa vie avec une femme qu’il aime, et qui l’aime en retour. Elle trouve géniaux ses poemes et lui met la pression pour qu’il les publie un jour. Alors qu’elle passe son temps, elle meme à réver et à multiplier les activités. Emporté par le flot d’évènement, et la vie des autres, Paterson va tenter de continuer son chemin, sans trop savoir quelle est sa destination.
Fascinant!
Jim Jarmush , une fois de plus nous propose de suivre les errements et interrogation d'un homme dans l'Amérique contemporaine. Il nous dépeint la ville de Paterson comme un endroit ou il fait bon vivre, et ou pourtant la vie semble s'etre arrété.
Ainsi, Il nous immerge dans cette ville, avec bien sur ses fameux long travellings latéraux, mais aussi son esthétique magnifique. La couleur ressort particulierement de maniere hypnotique. Et en meme temps, il atteint la une belle maturité. Sa mise en scene sait autant se faire sobre, et se faire oublier que fourmiller de milles idées qui nous donne à ressentir le trouble du personnage. Un personnage qui est somme toute banal, et mysterieux en meme temps. Un homme double, qui est présent et en meme temps ailleurs.
Cette dualité nous revele un homme qui dés qu'il le peut se réfugie dans des écriture poétique, lu en voix off par cet homme. Des poemes talentueux qui semblent , comme décrivant sa passion pour sa femme, mais aussi la banalité de sa vie...Il en nait une tension. Cet homme pourtant amoureux n'est pas heureux.
Jarmush nous entraine ainsi progressivement comme il sait si bien le faire dans des réveries lancinante et des situation absurdes. Le film se déroule sur une semaine, et chaque jour nous est conté. Paterson parcourt la ville, il attrape des bribes des conversations des différents passagers. Jarmush semble tour à tour faire l'éloge du quotidien, tout en nous en révélant toute son étrangeté, toutes ses ambiguité, et toute l'angoisse qu'il peut procurer.
Adam Driver Paterson est exceptionnel. Son personnage passif , semble éteint, souvent détaché. On pourrait le trouver ennuyeux, et pourtant non, bien au contraire, il est passionnant. Ses tourments interieurs sont communicatifs. Adam Driver est sobre, mais il fait passer une palette d’émotion incroyable. Il semble à la fois bienveillant, perdu, intensément absorbé, et curieux. Son Patterson est trés touchant et extremement sympathique.
Ainsi par son biais, Jarmush nous fait faire la connaissance d' une gallerie de personnages incroyable :Comme la femme de Paterson, ( Sublime Golshifteh Farahani ) l' incarnation sur terre d'un ange dont on comprend aisément le pourquoi Paterson en est amoureux, mais qui est aussi une « championne » du pupcakes et de la décoration à poid noir. Un personnage qui est aussi adorable qu'agaçant. Une femme qui a un tempérament aussi étrange que finalement trés terre à terre.
On apprend aussi à connaitre son chien renfrogné. Un bulldog au regard perçant, inquiétant, et en meme temps ultra sympathique. Il semble toujours pret à taper une crise, tout en restant pourtant trés obéissant.
Il y a encore ce patron de Bar bonhomme, et rigolard « champion » d’échec.
Mais aussi cet homme amoureux trés collant et désespéré. Et aussi et surtout, ces jumeaux que Patterson croise encore et encore... comme pour rappeller encore une fois sa dualité.
On peut aussi y voir la la dualité aussi d'une Amérique à la dérive. Une Amérique ou se multiplie donc des personnages, des vrais, plein de relief, meme dans leur "banalité". Des personnages dont on partage des moments de vie fabuleux, qui en sont attachant... des hommes et des femmes en meme temps, toujours "ailleurs". Des personnes qui vont rarement au bout de ce qu'ils veulent. Peut etre parce qu'ils visent des reves qui leur semble tellement impossible qu'ils n'osent plus. Peut etre parce que ce sont pas forcément leur reves, mais des préfabriquées. Peut etre du fait de la pression d'etre obsédés par devenir quelqu’un d’important. Peut etre parce qu'ils revent trop. Les interrogations sont multiples, et passionnantes, et Jarmush les communiques avec un regard toujours plein d'affection sur son pays. Malgrés la tension progressive, il y a une quiétude une douceur, un sens du merveilleux et poétique qui parcoure son film.
Dans cette Amérique d'illusions souvent innassouvie, on y multiplie à ne plus finir les activités, et on s’abrutit. Jarmush nous décrit la un pays ou on cherche désespéremment à exister, et ou peu de choses semblent avoir de sens au final….et pourtant, en route sur ce chemin préfabriqué, ou on a pied dans le présent, avec un regard toujours vers le futur, le sens est peut etre la quelque part...
une plongée extraordinaire dans les réveries et les paradoxes de l'Amérique.