[Manga] Family Compo de Tsukasa Hojo

L'Histoire

Suite au récent décès de son père, l'adolescent Masahiko Yanagiba se retrouve livré à lui-même. Un jour comme les autres, il fait la rencontre de la belle Yukari Wakanaé qui se présente comme la femme du frère de sa défunte mère (Masahiko ne connaissant pas la famille de son oncle après qu'il se soit fâché avec le reste de la famille) et lui propose de venir emménager chez eux. Masahiko est troublé par la ressemblance entre sa tante par alliance et sa mère mais, après une courte période d'hésitation, finit par se rendre chez son oncle et sa tante pour accepter leur proposition.

Sur le chemin, il rencontre une jolie adolescente, Shion, qui lui montre la route de la maison des Wakanabé mais le met en garde, sans préciser.

En arrivant chez les Wakanabé, Masahiko découvre que Shion est en réalité sa cousine et fait la rencontre de son oncle Sora, mangaka. La famille fête l'anniversaire de Shion mais certains actes de la famille perturbent Masahiko. Il comprend ce qui le dérange en voyant sa tante Yukari nue, avec un pénis entre les jambes, et lorsque la veste de son oncle Sora prend l'eau suite à une manipulation de Shion, dévoilant la poitrine d'une femme.

Le secret de la famille dévoilé, Masahiko est pris par le doute et n'est plus sûr non plus que Shion ne soit en réalité son cousin, d'autant que la jolie fille arrive à se travestir à la perfection en garçon et à assumer cette identité sexuelle aussi longtemps qu'il lui chante.
Il finit par rester dans la famille mais a du mal à accepter de vivre dans une famille "anormale" et tente de les remettre dans le droit chemin. Pourtant, au fur et à mesure, il se trouve lui-même impliqué (de manière volontaire ou par maladresse ou manipulation de Shion) dans des situations où il est amené à comprendre le regard de ces individus qu'on nomme transexuels et à mieux les tolérer.

Il découvre notamment que les assistantes de Sora dans son travail de mangaka sont toutes des transexuels (à l'exception d'un travesti), sans pour autant que rien ne permette physiquement de le deviner avant de voir leur engin.

Mais le mystère qui oppresse plus que tout Masahiko est de connaître le véritable sexe de sa cousine Shion pour qui il éprouve une forte attirance.


Commentaires

Après la fin de City Hunter en 1991, Tsukasa Hojo s'est consacré à la réalisation d'oeuvres courtes auteurisées, dont le chef d'oeuvre La Mélodie de Jenny (one-shot) et la courte série Rash !! en deux tomes.

En 1996, il revient finalement à une série longue mais, plutôt que de revenir à une série d'action, Hojo préfère traiter d'une autre oeuvre personnelle qu'il veut attachante.

Le thème du travestissement et de la transexualité était déjà vaguement abordé sous forme de gags dans Cat's Eye et City Hunter mais la différence entre les deux n'était pas marquée (Ryo Saeba les appelant tous des travelos, sans pour autant faire preuve de discrimination, étant très amis avec la communauté des travestis et des transexuels et ne sortant ce terme que lors des délires liés à sa perversion sexuelle envers les femmes).

Hojo s'attarde donc sur ce thème qu'on retrouve de manière récurrente à son oeuvre pour le présenter d'une manière plus sérieuse et plus développée (cette expérience lui sera d'ailleurs profitable sur certaines intrigues d'Angel Heart, manga ayant directement suivi la fin de la parution de Family Compo).

Ce thème lui donne également l'occasion rêvée d'exploiter son humour sexuel si particulier et celui-ci fait merveille comme toujours.

Le héros est bien évidemment un jeune homme qui, sans éprouver de dégoût pour les transexuels, est perturbé et a du mal à les accepter dans son entourage proche, mais dont les conceptions vont peu à peu changer en fonction des situations cocasses et de l'affection sincère qu'il en vient à ressentir pour sa famille.

Contrairement aux autres séries longues d'Hojo (Cat's Eye, City Hunter, Angel Heart), Family Compo n'a jamais fait l'objet d'une quelconque adaptation mais reste reconnu par les fans de l'auteur comme l'une de ses oeuvres les plus abouties et les plus personnelles, pleine de chaleur humaine.




Volumes disponibles (série en cours):



Sortie prévue le 18 Mai 2011:

Critique de Family Compo: Tome 1.



Preview: http://www.manga-news.com/index.php/preview/379

Si vous avez lu le résumé de la série que j'ai fait plus haut, vous connaissez déjà l'essentiel de ce tome 1 qui pose les bases de ce qui deviendra par la suite une histoire plus complexe.

Le thème fort de ce premier tome, c'est la famille. Le jeune protagoniste, Masahiko, a passé toute son enfance dans une famille absente et intègre à présent une autre famille qui lui apporte la chaleur humaine qu'il a toujours recherché mais qui ne correspond pas vraiment aux conventions.

J'avoue ne pas connaître grand chose à la transexualité et il est alors facile de comprendre le personnage de Masahiko, totalement dérouté en découvrant la nature de l'univers dans lequel il vient de pénétrer. Alimenté par les clichés moraux, il tente avec un naturel effrayant de refaçonner cette famille pour l'ordre "normal" des choses, sans pour autant ressentir de dégoût particulier envers leur différence. Toutefois, ses premières expériences familiales lui laissent entrevoir, derrière tous les à-priori sur les transexuels, les personnes qu'il y a réellement derrière.

Ce premier tome ne pousse malheureusement pas encore très loin la réflexion (il faudra attendre les tomes 3 et 4 pour que l'histoire se développe véritablement pour devenir le chef d'oeuvre que les lecteurs de mangas connaissent aujourd'hui) et on sent que Tsukasa Hojo est encore pris dans l'ambiance City Hunter. Hojo plonge ainsi ses persos dans des situations loufoques bourrées de gags sexuels hilarants, et les préoccupations de Masahiko le rendent limite cliché (alors que le personnage deviendra d'une profondeur incroyable par la suite). Il réserve aussi quelques moments d'émotion dans ces "épisodes d'une vie de famille", mais il est encore loin de l'originalité qui portera vraiment le titre au sommet de son art quelques tomes plus loin.

Enfin, comme toujours, les dessins de Tsukasa Hojo sont à se damner tant ils sont beaux. Et les femmes, tout particulièrement, sont magnifiques.

Ainsi, un début sympathique mais pas transcendant pour un titre qui cherche encore son identité à ce stade. Les personnages intriguent le lecteur plus qu'ils ne le fascinent, mais on sent qu'il y a là un véritable potentiel qui n'attend qu'à être exploité.