X-Men: L'Affrontement Final est un film réalisé par Brett Ratner, le réalisateur des deux premiers films, Bryan Singer, étant parti avec ses scénaristes pour réaliser le médiocre Superman Returns. A ce stade, X-Men 2 a fait son effet et les fans sont dans l'attente d'un dernier opus aussi bon, voire meilleur, et encore plus épique, et c'est donc à Ratner que revient la charge d'être à la hauteur de ces attentes.
A la base du film, on trouve deux idées de départ intéressantes: la découverte d'un antidote à la mutation, offrant ainsi à de nombreux mutants une nouvelle chance d'intégration dans la société, mais qui suscite évidemment de nombreux questionnements éthiques et existentiels et qui déclenche une vive controverse autour de l'idée même de se faire "guérir" de sa nature, et surtout la tant attendue adaptation de la saga du Phénix Noir, avec le retour de Jean Grey et la menace qu'elle représente désormais.
Le potentiel pour créer une bonne histoire dramatique est indéniablement là. Et ces deux idées entrent tout à fait dans l'idée d'une conclusion de saga, par la possibilité pour les mutants de revenir en arrière, de dire non à l'évolution qui a toujours été perçue comme une malédiction par une bonne partie de la communauté mutante, et de l'autre côté le stade final de l'évolution personnifié par le Phénix.
Il y a une sorte d'opposition entre l'Alpha (prôné par les humains) et l'Oméga (du côté de l'idéologie du "surhomme" prônée par Magnéto) qui illustre magnifiquement le conflit final au centre duquel vont se retrouver les X-Men alors que le destin final de la communauté mutante, et même de l'humanité toute entière, se joue.
Malheureusement, ce grand conflit épique aux enjeux philosophiques se voit très vite balayé d'un revers de la main par Ratner qui prône d'office deux directions pour son film: des scènes d'action où ça pète dans tous les sens et une dimension comique prononcée. L'objectif est de divertir le spectateur avec un film pop-corn bien fun.
Ces intentions se manifestent trop tôt dans le film, lorsqu'on retrouve ce "futur pas si éloigné" qui s'avère... être le futur apocalyptique de la saga "Days of Future Past". Les X-Men se retrouvent au centre d'un déluge d'explosions, traqués par les Sentinelles.
Cette scène de combat est mythique: alors que les X-Men sont censés lutter pour leur survie, attaqués par des adversaires meurtriers, il n'y a absolument aucune tension. C'est juste une banale scène d'action où les X-Men montrent leurs pouvoirs à tour de rôle et où Wolverine ouvre le bal de l'humour bien lourd en allumant son cigare dans un incendie. On n'a même pas l'impression qu'ils font face à un ennemi (puisqu'il n'y a en réalité qu'une seule Sentinelle qui apparaisse dans cette scène), ce dernier restant sans cesse dans l'ombre, sa présence n'étant signalée que par des tirs de laser, des missiles et des voitures tombant du ciel.
Mais le fait qu'on économise sur le budget ne doit pas signifier pour autant qu'on doit priver les fans de ce qu'ils attendent, ne serait-ce qu'un peu. Aussi Wolverine décapite t-il la sentinelle et on peut alors admirer une magnifique tête de robot d'un jouet Bandai. Au moins, cette scène a le mérite de bien introduire les défauts du film: c'est pauvre, c'est idiot et aussi très mal mis en scène.
Il s'avère que ce futur apocalyptique n'était qu'une illusion crée par la Salle des Dangers, la fameuse scène que les fans attendaient depuis le premier film. Si l'idée de base est amusante (le "futur pas si éloigné" qui s'avère le futur apocalyptique des comics, pour finalement découvrir qu'on est bien dans le présent) et si l'on doit reconnaître que c'était un moyen original d'introduire la Salle des Dangers, on est néanmoins fixé sur une chose: les scènes d'action selon Ratner, ce sont des explosions dans tous les sens et des Action Man en combinaisons latex avec des pouvoirs. Non, en fait, on est même aussi fixé sur deux choses: il va y avoir pas mal de fan-service.
Et en effet, le début du film traduit déjà cette idée: Tornade maîtrise à présent l'ensemble de ses pouvoirs (plutôt que de montrer comment, le film préfère la mettre en action et la pauvre Tornade a plus l'air d'une héroïne de jeux vidéo que d'un personnage à part entière), Angel et le Fauve sont introduits très tôt dans le film, le Phénix est bien au centre de l'intrigue, Bobby prend sa forme d'Iceberg, le duel entre Bobby et Pyro (attendu depuis le film précédent) a bien lieu, les Sentinelles sont présentes (enfin, il y en a une et on la voit même pas, mais elle est bien censé être là...), la Salle des Dangers est bien présente comme on l'a vu, et surtout Wolverine /Jackman est omniprésent...
La Fox a dû se dire "C'est le dernier film de la trilogie, on se lâcher et donner aux fans tout ce qu'ils attendent, ça fera vendre !" Le problème, c'est que les scénaristes ne peuvent pas toujours savoir comment insérer intelligemment certains éléments à une histoire qui ne s'y prête pas forcément, et surtout que ça a souvent été très mal foutu (tant en terme d'écriture que de réalisation).
Je m'attarderais donc sur le noyau dramatique puisque le film enchaîne très vite dessus. On trouve diverses intrigues qui composent un noyau assez bancal: l'antidote, la réapparition de Jean/Phénix, et le triangle amoureux entre Bobby, Malicia et Kitty (Twilight avant l'heure !). Je dis bancal parce que l'ensemble ne forme pas vraiment un tout cohérent, l'enchaînement ne semblant pas disposer d'une quelconque logique et les croisements entre les différentes intrigues ne faisant pas véritablement sens quelque part, ça reste très superficiel.
Commençons par l'intrigue sur l'antidote. Le potentiel est vraiment fort et on peut s'attendre à des réflexions intéressantes qui puissent mûrir au fur et à mesure du film. Sauf que les vrais éléments de réponse sont balancés d'emblée dans une scène de deux minutes: "La mutation n'est pas une maladie. On n'a pas besoin de remède." et "Est-ce égoïste que de chercher à se protéger des persécutions ? Certains mutants ne peuvent pas cacher leur nature contrairement à d'autres.". Et pour les éléments de réponse... Bah, on les attend encore !
Le problème avec cette intrigue, ce n'est pas qu'elle n'est pas intéressante mais qu'elle n'est guère développée et sert juste de prétexte au conflit (donc aux scènes d'action). L'antidote n'est qu'une excuse, alors que c'est un élément qui aurait vraiment pu exister par lui-même. Là encore, le manque d'ambition du film est sidérant.
Evidemment, on devine qu'il va vite y avoir des dérives, des "vaccins forcés", utilisés par l'armée contre les mutants jugés dangereux, comme Magnéto. Le remède devient une arme et cela entraîne inévitablement le conflit avec des mutants prêts à se battre pour défendre leur espèce, alimentant ainsi l'armée de Magnéto.
En fait, le scénario est tellement prévisible et les personnages tellement cons (à ne jamais anticiper la réaction logique du camp opposé) que l'histoire n'est tout simplement pas passionnante. Et dans la manière dont c'est mis en scène, c'est encore pire: les attentats de Magnéto (le camion-prison, Pyro qui met le feu à un laboratoire...) ne sont vraiment pas impressionnants et font même assez kitsch, et Brett Ratner tente de mettre en parallèle Magnéto (Ian McKellen en roue libre) avec Ben Laden (la déclaration de guerre à la télévision) mais on n'y croit pas un seul instant.
Et en tant que leader terroriste, on a vu mieux: un leader terroriste qui réunit ses troupes en prévision de la grande bataille, celle qui va changer la face du monde, dans... une forêt. Avec une petite trappe qui mène au QG de la Confrérie... Sérieusement, sur les 120 millions de dollars de budget, combien ne sont pas passés dans l'impressionnante campagne de promotion mais dans le film même ?
Et surtout, les scènes de combat du film ne sont absolument pas spectaculaires, encore moins épiques. Déjà la scène de la fourgonnette et celle de la forêt sont grotesques (franchement, qui peut croire une seule seconde que Wolverine donne vraiment des coups de griffe avec cette chorégraphie ridicule et cette manière de filmer qui touche au néant ? On voit juste Hugh Jackman s'agiter dans tous les sens en surjouant et une caméra qui se contente de le suivre), mais l'affrontement final est peut-être même encore pire...
Alors que ça devrait être le climax du film et la bataille la plus épique de la saga, l'affrontement final a vraiment de quoi décevoir. Les décors sont incroyablement pauvres, la stratégie de Magnéto n'a strictement aucun sens et les effets spéciaux sont vraiment mal insérés dans l'action. Et puis, alors qu'il y a bien 200 figurants dans la scène de la forêt, pourquoi seule une cinquantaine accompagne Magnéto sur le pont ? Mystère !
Ensuite, le pire de tout: pour éviter de subir le même sort que les flics du premier X-Men, les militaires partent au combat avec des fusils en plastique équipées de seringues (décidément, après la tête de robot, c'est la foire aux jouets !). Bonjour l'édulcoration !
Bien évidemment, en partant de là, on devine que la bataille finale prêtera plus à rire jaune qu'à s'extasier devant un final épique et qu'il ne faut pas s'attendre à beaucoup de morts. Avant même de le voir, on pouvait s'attendre à un affrontement final du pauvre. Et effectivement, le spectacle est vraiment atroce, une espèce de farce !
Parlons aussi du face à face tant attendu entre Bobby et Pyro (qui ont nourri une certaine rivalité assez subtile dans le deuxième film): deux garçons qui se font face, immobiles, en balançant de la neige et des flammes droit devant eux. Et Bobby qui se transforme en Iceberg sans trop qu'on sache pourquoi. Encore une fois, l'absence d'originalité et d'ambition de la réalisation fait vraiment pitié à voir, se reposant totalement sur les effets visuels.
Et surtout, la fin de cette intrigue est une véritable trahison envers l'esprit de la saga. Comment les X-Men ont-ils pu en venir à utiliser l'antidote sur leurs ennemis en dépit des problèmes éthiques que cela pose ? Ce sont censés être les protecteurs des humains et les défenseurs d'une cohabitation pacifique possible entre les deux espèces, pas des tyrans qui se débarrassent de leurs ennemis en employant des méthodes douteuses.
Merci la Fox pour cette fin complètement à côté de la plaque ! Fin par ailleurs un peu facile pour mettre fin aux hostilités, le film sera resté débile jusqu'à la fin.
Maintenant, l'intrigue sur le Phénix. On attendait une prestation intense de la part de Famke Janssen. Mais, très mal dirigée, l'actrice se contente de jouer une... sorcière. Les cheveux longs avec une teinture rouge prononcés, une longue robe rouge, un visage de zombie et les bras tendus pendant qu'elle utilise sa puissance, moi j'appelle ça une sorcière.
Plus sérieusement, totalement livrée à elle-même, l'actrice surjoue, jouant avant tout un personnage maléfique et sauvage. On voit très peu le désespoir de la vraie Jean Grey et c'est dommage car, bien dirigée, Famke Janssen aurait probablement pu jouer le dédoublement de personnalité de Jean de manière étonnante. Elle tente bien à un ou deux moments d'apporter un peu d'ambiguité à son personnage (c'était une X-Men quand même !), mais ça ne va pas bien loin.
Mais surtout, on ne croit pas à son personnage. On voit une femme perdue, facilement énervée, qui cherche ses repères et qui ne veut plus se laisser manipuler par Xavier... pour ensuite se faire manipuler par Magnéto (qui ne la voit que comme une arme dont il pourrait user dans son combat) en n'y voyant que du feu alors que c'est pourtant évident.
D'ailleurs, je me demande vraiment pourquoi les scénaristes l'ont fait rejoindre la Confrérie, elle ne sert strictement à rien dans cette intrigue, à part son coup de folie final qui sort du contexte du combat mené par Magnéto. Du coup, on a là encore du mal à saisir ce que peut bien penser son personnage, à moins qu'il n'ait sombré dans son propre néant.
Je trouve aussi qu'elle manque de contact avec les autres personnages phares de la saga, ce qui ne contribue pas à développer son personnage. Il aurait été intéressant de voir davantage de discussions avec Wolverine ou Tornade par exemple, tentant de ramener Jean dans le droit chemin. Même quand elle rejoint la Confrérie, elle parle à peine avec Magnéto et jamais avec les autres.
Au final, j'ai envie de dire qu'on ne voit pas suffisamment le Phénix tellement celui-ci est en retrait de l'action alors qu'il est censé être la menace principale du film. Trop sous-exploité pour apparaître comme un enjeu majeur de l'histoire.
Face à Jean qui sombre du dark side s'oppose évidemment son amant. Sauf que Cyclope est éliminé du scénario après trois minutes de présence (et de manière complètement conne) et c'est donc Wolverine qu'on colle à la place dans le rôle principal. Héros des deux X-Men, Wolverine vole donc ici le rôle de Cyclope qui aurait légitimement dû tenir la vedette de cette intrigue. Cela est probablement autant dû au fait que la popularité de Jackman est nettement supérieure à celle de Marsden (qui a plus ou moins été mis à l'écart du film pour une autre raison) qu'aux rôles qu'avaient les personnages dans les deux films précédents, Wolverine y ayant la vedette tandis que, plus qu'un rôle de petit ami, Cyclope était surtout utilisé comme un obstacle à la relation entre Wolverine et Jean.
Cyclope est, à mon sens, l'un des plus gros gâchis de la trilogie, un personnage avec un fort potentiel qui a été complètement sous-exploité des deux premiers films et traité comme un mal-propre sur le dernier. Sa fin est à l'image du mépris affiché envers lui: il crève comme une merde et les autres personnages semblent plus ou moins se foutre de la perte de leur ami (ok, là c'est plus seulement le film qui n'a pas de coeur !).
Et le pire, c'est que ça nuit aussi considérablement au personnage de Wolverine. Oublié le héros solitaire et sauvage des autres films ! Ici le personnage est incroyablement fade. Wolverine se retrouve placé dans un rôle qui ne lui correspond pas du tout, celui de mentor et de leader. Non seulement c'est complètement à côté de la plaque par rapport à l'esprit du personnage (un sauvage, un solitaire), mais en plus c'est tellement bourré de clichés que ça en devient chiant.
Bien sûr, le personnage n'a pour autant pas perdu son humour, mais il est devenu trop sage, ses vannes sont devenues lourdes, et Wolverine n'est clairement plus du tout à sa place. Ce n'est plus du tout le même personnage qui avait conquis les spectateurs dans les deux premiers films. Comme le dit Jean à un moment du film, Logan a vraiment été "dompté", dans le sens où il a été complètement dénaturé de son esprit originel, et ça fait franchement peine à voir.
Enfin, l'intrigue sur Malicia (qui est une catastrophe, je le dis tout de suite). Malicia était un personnage important du premier X-Men et il était impensable de ne pas conclure d'une manière ou d'une autre son intrigue. Et le remède en était l'occasion parfaite, offrant enfin "le" choix à ce personnage qui vit son pouvoir comme une malédiction. A travers Malicia, on aurait pu illustrer les doutes qui touchaient la communauté mutante (comme c'était le cas au début du premier film, lorsqu'on découvrait cette adolescente pommée): accepter sa nature ou y renoncer pour avoir une chance d'intégration et pour se sentir plus à l'aise avec son corps.
Hélas, le scénario n'est pas allé voir aussi loin, réduisant l'intrigue de Malicia à une romance bidon. Bobby ne peut pas toucher Malicia mais devient proche de Kitty, donc Malicia décide de prendre l'antidote afin de pouvoir garder son mec. Voilà tout ce qu'il y a à en retenir et c'est vraiment navrant !
Malgré cela, on connait l'univers des X-Men et on se dit qu'elle ne le prendra pas évidemment, que toute l'évolution logique du personnage est de réaliser qu'alors qu'elle vit son pouvoir comme une malédiction, ça fait partie d'elle-même et qu'elle ne trouvera véritablement la paix qu'en acceptant sa nature de mutante. Eh bah non, ils sont vraiment allés jusqu'au bout et Malicia revient "guérie" pour faire l'amour avec Bobby.
Remercions ici nos chers producteurs de la Fox qui n'ont décidément de toute évidence rien compris à l'esprit de la saga ! Ce dénouement est tout simplement l'une des plus grosses insultes qui puissent être faites à la saga, une trahison envers son esprit et envers le personnage de Malicia, bien plus profond que ça !
Mais ce qui m'attriste le plus dans l'histoire, c'est de voir le personnage de Malicia, formidable et touchante dans le premier film et sympathique dans le second, devenir une potiche insupportable. De là, je peux comprendre qu'Anna Paquin n'était pas motivée du tout dans sa performance.
Et, d'une manière plus générale, l'évolution de cette intrigue est clichée au possible, une romance comme on en voit des tonnes avec les stéréotypes du genre. Tellement en fait que, en période de deuil pour tous les élèves, comment croire que Bobby ne cherche pas inconsciemment la dispute avec sa copine quand il va réconforter Kitty dans sa chambre (aucun sous-entendu) plutôt que sa copine officielle (là, c'est le sous-entendu qui n'est pas possible). Comment croire à une intrigue qui fait tellement "scriptée" ?
Cette intrigue est au final complètement inutile, tentant d'amener un triangle amoureux pour dynamiser le film mais celui-ci est totalement inintéressant et alourdit considérablement les longueurs du film, même si Shawn Ashmore et Ellen Page sont vraiment sympathiques dans les rôles de Bobby et de Kitty (et qu'ils nous réservent la seule scène vraiment réussie du film: celle de la fontaine glacée). Ces scènes ne sont en plus absolument pas indispensables au film et on aurait parfaitement pu les retirer du montage final qu'il ne s'en serait que mieux porté, si ce n'avait été que l'intrigue de Malicia serait restée inachevée (mais vu ce qu'ils en ont fait dans ce film, de toute façon...).
Et la fin du film, quant à elle... Essayez de regarder les scènes alternatives après parce que, franchement, les scènes retenues par les producteurs sont vraiment à chier, une happy end bidon incompréhensible (en quoi avoir arrêté Magnéto, tué le Phénix et sauvé le remède met fin à un conflit bien plus complexe que ça ?) qui prône l'idéologie du rêve américain, un monde de liberté, d'égalité et de tolérance. On ne pouvait clairement pas trouver plus niais pour conclure la saga ! Dommage !
D'autant que Magnéto qui se retrouve réduit à un grand-père assis sur une chaise dans un parc, jouant aux échecs tout seul, alors qu'il était coupable de crime contre l'humanité et traqué partout par l'armée, est-ce vraiment crédible comme fin ? Le fait qu'il ait été "guéri" lui accorde le pardon présidentiel pour ses crimes passés ou quoi ?
Pour parler un peu des autres personnages, Xavier n'a franchement pas grand chose à faire du film et Patrick Stewart, sans être mauvais, n'y livre pas vraiment une prestation mémorable. Il n'en a pas vraiment l'occasion non plus, l'absence du personnage devenant presque plus intéressante pour l'histoire (pendant à peine deux minutes) que sa présence. Après, il est un peu vite oublié.
Quant à Tornade, le film la voit s'affirmer dans un rôle de leader. Halle Berry est assez convaincante dans ce registre, le personnage de Tornade ayant en plus toujours possédé ce genre de compétences, mais le problème est une fois encore que c'est un rôle qui aurait dû légitimement revenir à Cyclope (comme ça l'avait été plus ou moins annoncé dans le premier film, lors d'un monologue touchant de Scott au professeur Xavier qui était alors dans le coma).
Mystique, quant à elle, j'ai détesté la façon dont le film la traite (comme si le personnage était aussi facile à capturer, après ce qu'on l'a vu faire dans X-Men 2), même si le jeu de Rebecca Romijn est clairement l'un des meilleurs du film. Quant au sort qui lui est réservé, je trouve intéressant l'idée de faire de Mystique un martyr, encore eut-il fallu qu'il y ait une émotion derrière ! Le dialogue final entre Magnéto et elle est tout simplement grotesque !
Concernant les nouveaux venus, Angel, c'est simple, il n'y a rien à en dire. Il apparait deux minutes, il ne sert à rien de tout le film et la prestation de Ben Foster est absolument atroce, ne véhiculant rien (voir la scène où il change d'avis au moment de prendre le remède: on ne comprend pas pourquoi) mais il est là donc la Fox peut le mettre sur l'affiche et informer les fans qu'Angel est dans le film. Le fan-service, tout un art de la propagande !
Le Fauve, par contre, est un personnage nettement plus intéressant et plus présent, joué par un Kelsey Grammer très convaincant qui offre l'un des très rares moments d'émotion du film lorsque, l'espace d'un instant, Hank réalise la vie qu'il aurait pu mener sans sa mutation. Et donc la vie qu'il pourrait avoir s'il décidait de prendre le remède. Et l'acteur arrive à nous faire sentir à la fois que Hank n'en a pas l'intention mais qu'il a malgré tout une certaine amertume à ne pas le faire. C'est peut-être le seul personnage du film qui présente vraiment un minimum de sentiments contradictoires de tout le film, et Grammer a une certaine présence.
Le Fléau, alors qu'on pouvait craindre le pire, est plutôt une bonne surprise. L'humour lourd de Ratner fonctionne plutôt bien sur ce personnage qui ne se prend pas au sérieux et Vinnie Jones joue plutôt bien dans le rôle (à voir en VO par contre !), même s'il est malheureusement réduit à un simple personnage humoristique qui n'inspire guère la terreur. Son costume est aussi vraiment kitsch.
Quant aux autres personnages, il est évident que là encore ils se sont lâchés sur un fan-service important. Beaucoup de figures connues apparaissent ainsi dans des rôles secondaires ou de simples caméos/figurations.
Après, de manière générale, les prestations des acteurs sont souvent ou moyennes ou mauvaises, et même d'excellents acteurs comme Hugh Jackman et Ian McKellen tombent ici dans le piège du surjeu. La direction d'acteurs devait vraiment être catastrophique pour en arriver à un tel résultat. Seule une poignée d'entre eux, comme Kelsey Grammer, Shawn Ashmore, Rebecca Romijn, Halle Berry, Ellen Page et Vinnie Jones, arrive à s'en tirer honorablement.
Par contre, esthétiquement, c'est une catastrophe. Les coiffures sont ridicules (Tornade, Phénix, Pyro, Psylocke...), certains costumes font fake (Le Fléau donc), et les mauvais mutants ressemblent ou au stéréotype du voyou des rues ou à des filles gothiques.
Je relèverais ensuite un autre problème majeur qui concerne à la fois les personnages (tous les personnages !) et la réalisation: les démonstrations des pouvoirs sont tout simplement pathétiques. Je pense à Phénix qui montre sa puissance en faisant dérailler des écrans d'ordinateur et remuer des tiroirs ou qui menace Magnéto avec des seringues, ou à Xavier qui tente de pénétrer l'esprit de Jean sans les inserts qui permettaient à Singer d'illustrer son pouvoir. Du coup, la tentative d'intrusion de Xavier dans l'esprit de Jean n'est pas montré, seulement indiquée par les dialogues. A noter aussi qu'on ne le voit pas utiliser Cérébro de tout le film, arrivant à capter l'esprit de Jean à des kilomètres sans recourir la machine. Il y a une sorte de paresse (ou d'incompétence) dans la réalisation qui fait vraiment peur à voir.
Singer arrivait, par ses choix de mise en scène, à illustrer les pouvoirs de ses mutants. Ratner, lui, nous montre juste des personnages qui bougent des mains avec des effets spéciaux, comme des magiciens. Il est incapable de nous montrer les pouvoirs qui requièrent davantage de subtilité. Et il se sent obligé d'expliquer les pouvoirs des nouveaux mutants introduits par le biais des dialogues alors qu'on les comprend très bien rien qu'en regardant l'image. Des dialogues complètement inutiles donc, qui font double-emploi et qui alourdissent les scènes.
Et surtout, une idée absolument pourrie: Ratner n'a rien trouvé de mieux pour montrer la supériorité de certains mutants par rapport à d'autres que d'établir un système de hiérarchie par niveaux, Phénix étant le seul mutant de classe 5. Visiblement incapable de nous faire comprendre la supériorité de Phénix sur les autres mutants en terme de puissance, se contentant de lui faire remuer des tiroirs et de faire flotter des voitures, Ratner semble n'avoir trouvé que cette idée pourrie pour nous faire comprendre l'importance "mythologique" de Phénix et la menace que Jean représente désormais. A vrai dire, je trouve ça lamentable en terme de réalisation, à croire que le réalisateur est vraiment un incapable (en tout cas, ce n'est pas avec ce film qu'il me prouvera le contraire !).
Il n'y a qu'un seul moment où il permet à un personnage de se lâcher vraiment: Phénix lors de son coup de folie final et dévastateur. Un moment qui aurait pu être bien plus marquant s'il n'avait pas été plombé par le surjeu des deux acteurs, le ridicule de la situation (le pantalon de Logan reste intact contrairement au reste) et les répliques clichées à mort.
Mais ce qui manque le plus au film, à mon goût, c'est une âme ! La réalisation de Ratner est non seulement catastrophique, mais en plus elle ne véhicule aucune émotion. Cette dernière est aux abonnées-absentes du film, alors que c'est pourtant essentiel et que c'est justement la psychologie travaillée des personnages qui a fait le succès de la saga jusque là.
On n'arrive pas à ressentir de la compassion pour Malicia tellement le personnage est devenu une fille agaçante et limite stupide. On n'a pas l'occasion de s'attacher au personnage de Cyclope, anéanti par la mort de Jean, qu'il est retiré de l'histoire n'importe comment. On n'a pas l'occasion non plus de découvrir plus en profondeur le côté obscur de Xavier qu'il disparait à son tour... avant d'être ramené à la vie dans la scène post-générique de fin (ok, en plus le film n'assume pas ses idées jusqu'au bout, de mieux en mieux !). On n'est pas intéressé par Logan, dont les émotions sont trop convenues, trop scriptés pour paraître sincères. Et surtout, on n'est pas touché le moins du monde par le destin tragique de Jean, pourtant censée être au coeur de l'histoire.
Mais le pire, c'est qu'alors que des personnages importants de la trilogie meurent, on s'en fout royalement. Aucune émotion ne transparait. C'est juste une exécution pure et simple, histoire de se débarrasser de ces personnage, mais qui n'apporte rien au film (à part peut-être une scène de deux minutes sympathique mais pas triste). C'est juste stupide et purement gratuit.
Ratner semble de toute évidence s'amuser avec ses personnages mais, à aucun moment, je n'ai ressenti dans sa mise en scène et ses choix artistiques le même respect et le même amour que Singer avait pour eux.
Et maintenant, je vais aborder un dernier point: les dialogues. Et alors là, c'est peut-être le pire de tout !
Je ne sais pas quel genre de singe a pondu cette horreur, mais j'ai rarement entendu des dialogues aussi nuls et chiants. Non seulement ils ne sont pas naturels pour un sou, mais en plus ils passent tout le film à préciser ou commenter la moindre action ou réaction des personnages. Même quand l'image devrait très bien suffire à comprendre, même quand un silence aurait été nettement plus parlant qu'une tonne d'explications, le film ressent le besoin de tout nous expliquer par les dialogues (j'avais d'ailleurs déjà un peu parlé de ça avec les pouvoirs des mutants) et de combler les silences par des répliques complètement inutiles au lieu de laisser la tension s'installer par le silence et le jeu des acteurs (qui n'ont pas vraiment l'occasion de donner le meilleur d'eux-mêmes). Et c'est lourd... Mais lourd...
On peut ainsi relever des perles (mais c'est tout le film qui est comme ça):
- Citation :
- Jean se réveille à côté de Wolverine dans l'infirmerie:
"Back where we first met ! Only I was in your place and you were in mine."
Normalement, c'est au spectateur de faire le rapprochement avec le premier film, pas au film de lui expliquer pour être sûr qu'il ait capté.
- Citation :
- Xavier explique à Wolverine le cas de Jean, sauf qu'on dirait plus un personnage narrateur qu'un dialogue et, surtout, que ça fait pas du tout réaliste:
"The conscious Jean, whose powers where always in her control, and the dormant side. A personality that, in our sessions, came to call itself the Phoenix. A purely instinctual creature, all desire and joy and rage. It's unclear how much she knew. Far more critical is whether the woman in front of us is the Jean Grey we know, or the Phoenix struggling to be free."
Euh... Déjà c'est un peu beaucoup surexpliqué, mais surtout on dirait que Patrick Stewart récite du Shakespeare. C'est fou ce que ça fait naturel !
- Citation :
- "-Where are you going ?
-Where do you think ?
-She's gone, Logan ! She's not coming back.
-You don't know that !
-She killed ***.
-It wasn't Jean ! The Jean I know is still in there !
-Listen ! Why can't ou see the truth ? Why can't you let her go ?
-Because... Because...
-Because you love her."
Alors là, en terme d'écriture, c'est l'Oscar de l'année ce dialogue. Totalement surexplicatif, surjoué, pas naturel pour un rond, complètement cliché et surtout inutile ! Sérieusement, il y avait vraiment besoin de préciser tout ça ? Est-ce qu'il n'y avait pas des moyens plus subtils de faire comprendre la psychologie de Logan à ce moment ? Et puis surtout, ça tue complètement la tension tellement c'est ridicule !
- Citation :
- Et pour terminer, le formidable discours de Logan (qui ressemble décidément plus au Ranger Rouge qu'à Wolverine) aux jeunes X-Men qui font leur baptême du feu avec un affrontement de taille:
"If we don't fight now, everything they stood for will die with them. I'm not gonna let that happen ! Are you ? Then, we stand together ! X-Men ! All of us ! Let's go !"
Là, ce discours, je trouve que ça dépend entièrement du personnage qui le prononce. Venant un leader comme Cyclope, ça aurait peut-être fait un peu cliché, mais ça serait passé. Mais venant du personnage de Logan, vu son attitude solitaire durant la trilogie, ce discours prête à sourire. Décidément, ce personnage n'est vraiment pas à sa place dans le rôle que le film lui décerne, ce n'est plus Wolverine mais une sorte de stéréotype du leader parfait qui ne lui convient pas du tout.
Je vais m'arrêter là ! Je pense avoir à peu près dit l'essentiel sur le film, mais il y a en fait tellement de choses à dire sur les défauts du film (et paradoxalement si peu à dire sur ses qualités) qu'il faudrait presque faire une analyse scène par scène.
Un mot tout de même à dire sur la musique qui, elle, est excellente. John Powell a fait un travail magnifique avec des thèmes véritablement entraînants. C'est beaucoup trop d'honneur fait à cette daube finie à mon goût mais, au moins, c'est toujours ça de pris, surtout quand les qualités du film se comptent sur les doigts d'une main.
X-Men: L'Affrontement Final (quel titre merdique en plus !) a donc toutes les raisons de décevoir. Dernier opus très attendu d'une saga jusqu'alors excellente, il en foire magistralement la conclusion grâce à l'incompétence de son réalisateur, des scénaristes et par les contraintes commerciales débiles imposées par les producteurs de la Fox.
Pour être tout à fait honnête, je n'ai tout simplement pas eu l'impression que le film apportait quelque chose en plus par rapport aux deux premiers X-Men. Je n'ai même pas eu l'impression que l'histoire avait tellement progressé depuis la fin de X-Men 2 (qui, lui, faisait vraiment bouger les choses). Une bataille s'est certes déroulée, des personnages sont morts (mais aucun au combat !), mais bizarrement je n'en suis pas sorti avec l'impression d'avoir vu la grande bataille finalle annoncée. J'ai surtout eu l'impression d'avoir vu un avant-goût, une sorte de trailer pour un film plus important, comparé à ce qu'aurait vraiment pu / dû être cet affrontement final, de voir un X-Men 3 au rabais.
Le film donne certes le mot de la fin à l'histoire de la trilogie, mais c'est une dernière partie dont on aurait aisément pu se passer. Le film est une purge tout simplement, trahissant les thématiques de l'univers et tout ce que les films de Singer avaient réussi à construire. J'ai eu l'impression de voir la franchise se faire démolir sous mes yeux. Il n'y a franchement rien à en tirer ou, en tout cas, rien de bon.
Après les deux films très réussis de Bryan Singer, X-Men: L'Affrontement Final sonna donc malheureusement le déclin de la saga, le film touchant les tréfonds de la médiocrité. A la manière de Batman & Robin, c'est une de ces oeuvres tellement atroces qu'elles suffisent à tuer une franchise dans le coeur de ses fans. Fans qui, depuis, attendent l'heure du grand retour de la saga avec un film qui leur fera oublier cet affront et qui ressuscitera vraiment les X-Men au sommet de leur forme. Un retour aux sources de la franchise en quelque sorte, avec un réalisateur ayant une vraie vision de cet univers comme Bryan Singer le fut en son temps.