Sujet: Escaflowne: Une Fille sur Gaïa Jeu 27 Jan - 22:48
Escaflowne: Une Fille sur Gaïa est une réinvention de la série animée La Vision d'Escaflowne qui connut un succès modeste au Japon mais un impact considérable à l'échelle mondiale.
L'Histoire
Hitomi Kanzaki, une jeune lycéenne, est une jeune femme solitaire. Lassée de tout, elle ne se rend plus aux cours et repousse sans cesse la seule personne qu'elle pourrait appeler son amie. Son seul souhait est de disparaître, de cesser d'exister.
Après avoir définitivement coupé tout contact social en rejetant froidement "l'emmerdeuse", Hitomi disparaît. Elle découvre alors Gaïa, un monde dominé par la violence et où les êtres sont des bêtes avides de sang. C'est ainsi qu'elle rencontre Van Fanel, jeune roi et dernier survivant du clan des Dragons, en quête de l'Escaflowne, la légendaire arme ultime et instrument de sa vengeance contre l'homme qui a anéanti son clan: son propre frère, devenu le tyran conquérant Folken.
Hitomi découvre la nature de son incarnation sur Gaïa: elle est la déesse ailée, la divinité qui fera réapparaître l'Escaflowne et dont le souhait décidera de l'avenir de Gaïa: sa renaissance ou sa destruction définitive.
Commentaires
Alors que la série mettait 26 épisodes à raconter une grande histoire avec une quantité d'informations colossale à chaque épisode, l'équipe en charge du film a décidé de partir dans une autre direction pour un film d'1h40.
Autant le dire tout de suite, le film Escaflowne n'est en aucun cas une adaptation de la série animée, c'est une oeuvre complètement différente qui en reprend les grands thèmes. Tout le reste, que ce soit le monde de Gaïa ou les personnages, est complètement réinventé.
On se rappelle d'Hitomi Kanzaki, la jeune lycéenne amoureuse qui prédisait l'avenir à partir des cartes de tarot. On découvre à présent une jeune lycéenne qui ne compte sur personne, pas même sur elle-même, et qui n'attend rien de l'avenir inexistant que lui réserve son existence éphémère.
On se rappelle aussi de Van Fanel, jeune roi déchu qui avait une véritable aversion pour la violence mais s'y résignait pour accomplir son devoir et mettre un terme définitif qui se profile contre un empire conquérant avant qu'elle ne s'abatte sur le monde. Il finissait naturellement par prendre goût au fait de verser le sang. Ici, c'est d'entrée de jeu un psychopathe qui décapite tout sur son passage, comme à peu près tous les anciens héros de la série (les chevaliers sont devenus une bande de brigands). C'est un personnage froid, agressif, qui n'aspire qu'au pouvoir et à la vengeance et qui est prêt à tout tuer sur son chemin pour y arriver.
Le traitement est donc nettement plus sérieux et extrêmement plus violent que celui de la série, et la débauche de violence vue à l'écran dépeint admirablement l'absurdité de la nature humaine (car, dans sa nature même, l'être humain aspire avant tout à faire la guerre, sur ce point le message n'a pas changé mais il est traité de manière nettement plus crue et plus réaliste. Pas besoin de grands conflits, il suffit de montrer l'absurdité de la violence sous sa forme la plus évidente).
Le scénario est ici très simple: alors que la série instaurait une grande histoire à rebondissements multiples, le film va plus directement à l'essentiel (un déroulement très simple, très linéaire) et s'attarde davantage sur la psychologie de ses deux personnages principaux, deux solitaires qui se reconnaissent, s'identifient et en viennent à former un lien fort de par leurs souffrances respectives.
Le film apporte également de manière implicite (mais plus évidente) la réponse a une question très vaguement soupçonnée dans la série: le monde de Gaïa est-il la métaphore de la psychologie d'Hitomi ? La réponse est ici évidente: oui !
Quand la série présentait une Hitomi qui pensait à ses amours et à l'avenir comme toutes les jeunes filles de son âge, Gaïa était un monde magnifique avec des héros nobles et chevaleresques prêts à mettre leur vie en jeu dans la bataille.
A présent, Hitomi est représentée comme une jeune femme dépressive, faisant souffrir les autres et aspirant à sa propre destruction, c'est un monde régi par la violence, un monde au bord du gouffre, habité par des hommes dans leur bestialité la plus primitive. Et Hitomi et Van aspirent initialement à la destruction de l'existence même: la leur et celle de leurs mondes.
L'aspect mécha, omniprésent dans la série, est ici réduit au minimum: uniquement deux méchas (et pas plusieurs centaines) et un seul et unique affrontement épique à la fin du film.
En voyant le film en bonne qualité (je dis ça par rapport à la vidéo de la BA), le film est de toute beauté ! Incroyablement beau, avec un soin esthétique hallucinant, des décors merveilleux et des chara-designs superbes. La réalisation, poussant à fond sur l'esthétique, est aussi absolument incroyable. Un chef d'oeuvre !
Les musiques sont partagés entre réinvention des thèmes de la série et nouveaux thèmes, et la BO est clairement une merveille pour les oreilles, une des toutes meilleures BO de film jamais composées.
Depuis Evangelion, j'ai toujours considéré que les personnages dépressifs sont les plus à mêmes d'avoir un véritable regard sur la nature du monde et sur l'existence, et donc un réel propos philosophique derrière les histoires. Escaflowne s'inscrit totalement dans cette logique avec deux personnages principaux magnifiques (au moins aussi magnifiques que Shinji Ikari, Rei Ayanami et Asuka Langley Soryu, les héros dépressifs d'Evangelion). Et la violence extrême se fait l'écho de ce malaise constant qui domine le film, avant de trouver une réponse qui amènera à l'une des fins les plus mélancoliques que je connaissance à ce jour (juste derrière The End of Evangelion qui possède certainement la fin la plus surprenante et la plus déroutante jamais imaginée pour un film d'animation, ou même pour un film tout court).
En définitive, un film que tout le monde n'aimera pas, mais l'un des rares que je peux légitimement classer au même rang qu'un End of Evangelion, un film de destruction qui parle vraiment de l'humain, de l'existence, du monde, et qui apporte de véritables réflexions sur le sujet.
Le climax du film:
Dernière édition par cineternel le Ven 28 Jan - 14:42, édité 3 fois
Magic Utilisateur
Messages : 3700 Date d'inscription : 05/01/2010 Localisation : Arkham
Sujet: Re: Escaflowne: Une Fille sur Gaïa Ven 28 Jan - 11:02
J'adore cet anime je savais pas qu'ils en avaient fait un film, je vais tenter de me le procurer dans quelques temps.
cineternel Utilisateur
Messages : 2785 Date d'inscription : 23/05/2010
Sujet: Re: Escaflowne: Une Fille sur Gaïa Dim 10 Avr - 0:20
Très différent de la série quand même, ce film ! On supprime tous les éléments de relation amoureuse et on colle à la place des persos dépressifs et de la violence. La mythologie est aussi très différente.
Elijah Utilisateur
Messages : 25031 Date d'inscription : 05/06/2010 Localisation : Spectre
Sujet: Re: Escaflowne: Une Fille sur Gaïa Dim 10 Avr - 0:54
Jamais osé regardé le film j'ai eu peur que ça me fasse un effet evangelion bis
J'en garde un très bon souvenir de cette série !!!
Larme_de_dragon Utilisateur
Messages : 3379 Date d'inscription : 08/12/2009 Localisation : Partout et nulle part
Sujet: Re: Escaflowne: Une Fille sur Gaïa Dim 10 Avr - 15:45
cineternel a écrit:
Très différent de la série quand même, ce film ! On supprime tous les éléments de relation amoureuse et on colle à la place des persos dépressifs et de la violence. La mythologie est aussi très différente.
je l'ai vu il y a fort longtemps, éffectivement c'est plus bestial, ça annonce la couleur dès le début, le chara design est plus recherché (exit les nez pointus ), et une bo envoutante! Vraiment un gros morceau dans l'univers du manga animé.
Elijah Utilisateur
Messages : 25031 Date d'inscription : 05/06/2010 Localisation : Spectre
Sujet: Re: Escaflowne: Une Fille sur Gaïa Dim 10 Avr - 18:02
Larme_de_dragon a écrit:
cineternel a écrit:
Très différent de la série quand même, ce film ! On supprime tous les éléments de relation amoureuse et on colle à la place des persos dépressifs et de la violence. La mythologie est aussi très différente.
je l'ai vu il y a fort longtemps, éffectivement c'est plus bestial, ça annonce la couleur dès le début, le chara design est plus recherché (exit les nez pointus ), et une bo envoutante! Vraiment un gros morceau dans l'univers du manga animé.
Ben si larme a aimé je vais peut être tenté dans pas longtemps
cineternel Utilisateur
Messages : 2785 Date d'inscription : 23/05/2010
Sujet: Re: Escaflowne: Une Fille sur Gaïa Dim 10 Avr - 18:24
Larme_de_dragon a écrit:
[je l'ai vu il y a fort longtemps, éffectivement c'est plus bestial, ça annonce la couleur dès le début, le chara design est plus recherché (exit les nez pointus ), et une bo envoutante! Vraiment un gros morceau dans l'univers du manga animé.
Le fond est le même: une fille qui se coupe de la réalité pour un monde qui reflète ses états d'âme (les doutes romantiques pour la série, la violence auto-destructrice pour le film), et le propos selon lequel la nature humaine est de vouloir faire la guerre et que l'amour, souvent mis en opposition, peut lui-même devenir un prétexte à verser le sang.
Disons que le film est plus direct, plus cru, dans la manière d'aborder le thème que la série, plus féérique et avec un petit côté shojo.