Une petite rétrospective de ce que je considère être l'un des réalisateurs les plus surestimés d'Hollywood.
Beetlejuice n'est pas le premier Burton que j'ai découvert mais qui pourtant dévoile finement son imagerie visuelle, sa passion pour décalquer la mort avec le plus de fantaisie possible et sa propension à faire passer ses films pour des contes qui lorgne entre la dérision dans le fond et le gothique dans la forme. Si j'ai quand même un peu de mal avec
Beetlejuice, notamment de parfois trop en mettre dans la folie (cette p*tain de scène du dîner qui tourne à la chanson), je pense que ça reste un bon film pour ce qu'il représente sur un ton à la fois bizarroïde et léger (rien que le passage dans le monde des morts est stupidement génial). En le voyant on comprend pourquoi le film devait à l'origine être un film d'horreur, mais il ne faut pas nier que Burton aura insufflé une énergie de l'absurde et du décalage qui au final lui sied plutôt bien. Je ne m'étendrais pas trop sur le jeu de Michael Keaton qui à l'arrivée n'est pas tellement présent, juste pour dire peut-être que son maquillage est vraiment réussit, car tout en connaissant bien le visage de l'acteur, j'ai vraiment du mal à le reconnaître sous tout ce maquillage. Mais je crois que je préfère les tribulations du couple Geena Davis - Alec Baldwin.
Il est assez marrant de constater un lien certainement inconscient avec un film que j'affectionne beaucoup :
Les Autres. Comme je l'ai dit,
Beetlejuice fait partie des premiers pas de Burton mais que j'ai découvert très tardivement. J'avais vu
Les Autres il y a plusieurs années et je pense que cela m'a été plutôt sympathique de voir une version zinzin de ce film à travers
Beetlejuice. Le rapprochement entre les deux films c'est bien sûr l'occupation de la maison par des fantômes. L'un est comique, l'autre très dramatique. Le premier traite de la mort frontalement sans prendre de gants, le deuxième est plus astucieux puisque la mort constitue le twist du film. Mais je n'ai pas pu m'empêcher d'y penser en regardant
Beetlejuice. Je pense que c'est un film très bien inscrit dans son époque (1988) où les prothèses, les maquillages et les effets plastiques sont bien utilisés, pas toujours facile à regarder aujourd'hui mais tant qu'on accepte l'univers du film, on accepte cela.
Alors une suite à
Beetlejuice ? Diable non ! Car connaissant le bonhomme, tout cela serait remplacé par du CGI. Et bien sûr, personne aujourd'hui ne voudrait travailler sur des practical effects. A mon sens,
Beetlejuice se suffit à lui-même non pas pour l'excentricité de son personnage, mais pour sa vision de la mort. Je n'ai donc pas besoin d'en voir plus. Michael Keaton serait certainement encore de taille, mais ce n'est pas un personnage que j'ai envie de revoir dans le contexte d'aujourd'hui.
Ce cher
Batman. Il n'est pas facile à critiquer car il y a toujours du charme - j'aime beaucoup toute l'intro où le film nous fait croire que l'on va assister au meurtre des parents Wayne et où ensuite Batman nous apparaît comme un prédateur prêt à attaquer sa proie - mais clairement il est très mal équilibré. Chevauchant à la fois l'intrigue du Joker, l'intrigue amoureuse de Vicky Vale et Bruce Wayne et évidemment celle de Batman, c'en est déjà un miracle que le film ne soit pas un ratage complet (car l'avenir nous montrera que Burton ne sera même pas foutu de diriger une seule intrigue parfois, alors là trois en même temps, ce fut un miracle quand on y pense). Alors attention, le film est bien, j'y arrive à ne jamais m'y ennuyer devant et à trouver les personnages un minimum plaisant (y compris Vale). Et je trouve quelques moments assez soignés en terme de mise en scène (l'apparition iconique de la Batmobile).
Point ô combien rabâché dans toutes les critiques / analyses / interprétations du film,
Batman est un Jack "Joker" Nicholson show, et en soi ce n'est pas très surprenant venant d'un réalisateur qui aime les personnages décalés, fantaisistes, incontrôlables et dans une moindre mesure coloré. Techniquement, je ne m'explique pas pourquoi Burton a accepté de faire ce film sachant qu'on voit parfaitement qu'il se fout complètement de sa tête d'affiche et qu'il arrive même à le rendre je trouve ridicule dans tout l'acte final où Batman écrase comme une merde la Batplane après un seul coup du Joker.
Mais comment vraiment regarder ce film aujourd'hui quand il y a eu les
Batman de Christopher Nolan ? Je ne tomberais pas dans la comparaison (et de toute façon, c'est Nolan qui gagnerais pour moi). Mais les deux visions sont autant l'empreinte de leur auteur que de leur époque.
Batman je pense a été extrêmement populaire dans les deux contextes, Burton a pu s'exprimer, son film a eu du succès, mais quels fans ont été contentés ? Les fans de Burton ou les fans de Batman ? Toujours est-il qu'on peut tous être d'accord aussi pour dire que le thème de Danny Elfman est absolument somptueux.
Batman le défi est la seule suite de la carrière de Burton (mais quand on est un réalisateur qui repose plus de la moitié de ses films sur des gimmicks, chacun de ses films est un peu la suite du précédent, la continuité d'une vision et d'une passion). Bref.
Batman le défi est à mon sens un film très réussit pour plusieurs choses : le développement des personnages où contrairement au premier
Batman, on arrive à faire ressortir des thématiques assez intéressantes (la recherche de l'identité, la manipulation de la populace, la vengeance). Les scènes d'action sont également mieux orchestrés, la partition de Danny Elfman est encore sublime, particulièrement sur la naissance de Catwoman et la mort du Pingouin. Et la direction artistique est plus libérée, plus mise en valeur. Certes, on se croit à de nombreuses reprises dans un studio avec des décors en carton pâte, mais ce sont encore des choses qu'on arrive à passer outre dans la mesure où Burton privilégie un vrai crescendo à certains moments (surtout quand Batman doit affronter le gang du cirque).
Mais toujours des défauts, et pour moi les plus grands défauts sont encore autour de Bruce Wayne / Batman. Le premier plan du héros dans son manoir, seul, tapi dans l'ombre, a quelque chose de fort c'est indéniable, mais ce qu'il transmet est clairement stupide. Bruce Wayne se fait chier, il attend qu'on le bipe pour pouvoir sortir le costume. Plutôt que de veiller sur la ville et arpenter les coins de rue, il ne fait rien et attend une bonne raison de sortir sa Batmobile. Autre preuve ultime que Burton n'en a rien à foutre de son personnage principal, ses interactions avec Catwoman, là où Michelle Pfeiffer est puissante, instable et envoûtante, Michael Keaton est lesté d'un Batman qui s'excuse de l'avoir frappé (WTF ?), qui reste planté devant une femme sur le point de tomber dans le vide (paye ton héros quoi !) ou encore qui fait la morale à Catwoman en disant que tuer ne sert à rien alors que plus tôt on le voyait faire cramer un mec avec sa Batmobile (paye ta logique !). Ce sont des points souvent soulevés mais le blâme est peut-être à chercher du côté du script, il se contredit souvent, Batman n'évolue pas tant que ça, Catwoman est le point d'ancrage du film, celle par qui on se sent investit.
Pour autant,
Batman le défi reste à mon sens l'un des meilleurs Batman et le meilleur de Burton avec
Mars Attacks et
Sleepy Hollow où il insuffle encore une énergie à des scènes de différents registres (la perte de contrôle de la Batmobile, la scène du bal, la mort du Pingouin) et où Burton exprime ses codes malgré l'univers dans lequel il doit respecter certains attraits (le gang du cirque est clairement représentatif de l'univers de Burton avec ses personnages barrés et colorés).
J'ai quand même personnellement un peu de mal avec la scène des pingouins armés des missiles. Déjà trop longue et assez peu crédible. Alors je sais que les films de Burton ne sont pas connus pour leur crédibilité mais à l'échelle du scénario, cette scène est problématique. Le premier objectif du Pingouin est d'enlever les enfants, cela échoue. Plan B : faire exploser la ville. Les deux plans n'ont juste aucun rapport entre eux. Ensuite pourquoi est-ce que cette tâche revient aux pingouins ? Alors oui, il s'appelle Pingouin, c'est logique. Mais non. Pourquoi pas le gang du cirque largement installé depuis le début, alors qu'on ne voit jamais les pingouins être domestiqués ?
Un must de Burton (et un must par définition le point le plus haut atteint, le meilleur de Burton est arrivé assez tôt dans sa carrière). Générique génial (p*tain cette partition de Danny Elfman encore, et qui en soi accompagne superbement le film tout le long),
Mars attacks est une critique et une parodie (encore plus gratifiant que c'est sorti la même année qu'un certain
Independence Day). Techniquement le film transpire l'univers coloré, le loufoque, l'absurdité mais assumée à 200 %, traité avec soin et avec dosage. Doté d'un des casting les plus impressionnants de l'histoire,
Mars attacks est survolté, moqueur, brillant.
Je n'ai pas fini de vanter les mérites et les réussites de ce film, Burton s'éclate et en soi c'est peut-être son seul film où l'on confronte vraiment la fantaisie et la réalité (là où la plupart de ses autres films se passent dans un univers préalablement décalé). Un mixage parfait lors de la fameuse scène de la dame martienne qui infiltre la Maison-Blanche, un personnage totalement improbable mais qui pourtant évolue dans un lieu parfaitement tangible et qui malgré son look démesuré parvient à susciter une certaine fascination (le personnage n'apparaît que 10 minutes mais il est tellement marquant qu'il est sur l'affiche et qu'il en est l'un des plus représentatifs, déguisez-vous en cette femme, et quasiment tout le monde comprendra qu'il vient de
Mars Attacks). Certains diront que sa présence tient du fait que c'était la femme de Burton à l'époque, ok mais la scène est réussit. C'est le seul moment dans ce cocktail absurde où l'on ressent vraiment du danger et de la tension.
Le mieux avec
Mars Attacks c'est qu'il assume son délire jusqu'au bout, jusqu'à la conclusion absolument stupide pour vaincre les martiens dont l'esprit parodique est assez unique mais aussi qui est cohérent dans l'esprit de son réalisateur, en témoigne encore une fois la peinture de la mort puisque 90 % des personnages meurent dans des situations débiles dont la gravité n'est plus (la palme revient à Glenn Close pour ma part). Simplement un sacré morceau dans la filmo de Burton.
Subjectivement, je trouve
Sleepy Hollow génial, je fond devant la partition de Danny Elfman qui réussit à transmettre la peur et l'horreur, le numéro de Johnny Depp en enquêteur inexplicablement mal à l'aise à la vue du sang et la noirceur de l'univers où l'on se sent vraiment transposé dans un conte lugubre où rien n'est beau, rien n'a de couleur (d'où l'impact très fort de la couleur rouge du sang). Burton met un point d'honneur aux décors, à l'ambiance et c'est réussit de bout en bout.
Sleepy Hollow respire le danger et les ténèbres. Le film est fantastiquement gore, mais pour la première fois la mort est véritablement traité comme quelque chose de grave. Les morts sont enterrés, les meurtres amènent un vent de panique chez la population et les mettent constamment dans un climat d'insécurité.
On peut aussi parler du fait que le film est construit comme une enquête, ce qui lui donne du rythme et quelques surprises, ajoutez à cela un vrai développement du personnage de Johnny Depp (surtout grâce aux flash-back, même si l'histoire avec le personnage de Christina Ricci n'est pas toujours très intéressante). Mais contrairement à
Beetlejuice ou encore à
Batman qui seraient plutôt difficile à regarder par le public d'aujourd'hui,
Sleepy Hollow est vraiment le seul Burton qui semble pouvoir être intemporel tant les effets spéciaux sont toujours aussi bien et où l'on n'a pas forcément besoin d'adhérer à sa fantaisie pour apprécier.
Je regrette simplement le climax qui repose sur pas mal de facilités scénaristiques et d'une mise en scène d'action assez peu crédible. Mais globalement c'est très bien réalisé, très bien raconté, un mélange fantastique de noirceur où l'on n'a aucun mal à s'immerger dans les décors et dans l'ambiance. Bref un très bon film à mon goût, en tout cas rien qui ne pouvait annoncer le désastre artistique de son réalisateur qui va s'en suivre après.
Bon personne n'a dit que cette rétrospective allait vous apprendre de nouvelles choses, car le fait que
La planète des singes soit une catastrophe n'est absolument pas un scoop. Tout dans ce film est paresseux, à commencer par le script qui ne repose sur aucune logique, fait des références totalement gratuites au(x) premier(s) film(s) et livre des non-sens absolument dérangeant (Les singes ont peur de l'eau, du coup pourquoi ne pas installer un camp militaire à côté d'un lac ? Paye ta facilité). Remplit de Deus ex machina - l'arrivée du singe ami-ami avec Wahlberg à la fin -
La planète des singes n'est rien d'autre qu'un blockbuster torché, sans aucune direction d'acteur, sans aucun message, aucun dilemme, aucune logique - le général est méchant parce qu'il est méchant - et cette fin, bordel cette fin totalement contradictoire qui n'avait pour seul prétention de rivaliser avec la fin du premier parce que vous comprenez c'est trop classe de finir sur un twist comme son modèle, tant pis si cela ne sert à rien. Là où j'incombe Burton c'est de ne pas avoir une seule seconde implanté un peu de son univers dans une atmosphère qui aurait pu bien s'y prêter. Un film de studio boudé par son réalisateur avant, pendant et après son tournage.
Le pire c'est que malgré les quelques références glissés très maladroitement, j'ai pas l'impression que Burton soit vraiment attaché aux films originaux. Alors certes, on ne peut pas dire qu'il était très attaché au personnage de Batman, pour autant
Batman et
Batman le défi ont été des franches réussites. Mais là ça frose limite le rejet. On n'essaye même pas d'implanter les thématiques du premier (l'Homme réduit à son statut d'animal) pour en faire quelque chose de moderne. C'est de la science-fiction qui ne mange pas de pain où voyages dans le temps, monde post-apo ne sont que des outils scénaristiques qui n'ont strictement aucune portée.
Pour ne pas arranger le tout, Mark Wahlberg joue très mal. Son personnage reste juste le gars qui se dresse contre les singes parce qu'il est plus fort et plus civilisé que les autres humains. Mais à aucun moment, son jeu se veut nuancé. Certes son personnage est très mal écrit (car techniquement il veut juste se tirer et laisser crever les autres) mais à aucun moment je vois un mec un minimum chamboulé par un bond de 1000 ans dans le temps et par la découverte de singes qui parlent et agissent comme des humains. Bref, un mauvais film qui reste au statut de simple apparté dans la franchise.
Big Fish est sûrement considéré comme l'un des meilleurs de Burton car assez émouvant, plutôt beau à regarder et il y a Ewan McGregor à la place de Johnny Depp, ce qui lui permet d'émerger dans sa filmo au milieu de tous ses autres films. Je ne trouve pas que ce soit un mauvais film, loin de là, mais je le trouve assez complaisant et j'ai eu du mal à vraiment rentrer. Déjà la partition de Danny Elfman est quasi anecdotique, cela n'aide pas. Mais surtout, je n'arrive pas à me dire qu'Ewan McGregor et Albert Finney joue le même personnage dans le film.
Et quel personnage. J'adhère plutôt à l'idée d'un film où le personnage principal raconte plusieurs instants de sa vie mais s'accorde de romancer beaucoup et ainsi apporter une frontière très flou entre ce qui est réel et ce qui est de la pure extravagance. Le problème c'est que je trouve qu'Edward Bloom est purement un con. Trop lisse, le personnage n'évolue pas et je ne m'attache pas à lui quand je le vois dire à une inconnue "Je vous aime, il faut que nous nous marrions". Et surtout, il est un père qui veut être le centre d'attention et par conséquent ne laisse jamais respirer son fils avec toutes ses histoires.
La fin est assez triste, Burton traite de la mort avec la plus grande gravité qui soit (même s'il va peut-être un peu trop loin dans le tire-larmes) mais le problème de cette fin c'est qu'elle tranche trop séchement avec ce qui faisait la particularité du film, à savoir où se situe le romancé dans le vrai.
Big Fish est très loin de faire partie des plus mauvais de Burton mais pour moi il usurpe un peu sa place parmi ses meilleurs, c'est un bon film avec ses jolis moments et une imagerie qui sait rester sobre tout en nous faisant comprendre sa créativité et son décalage. Mais je ne le retiens pas.
Charlie et la chocolaterie est je trouve un bon film, très très coloré, magnifié par Danny Elfman (encore une fois, même si c'est le genre de BO que j'aime bien mais sans arriver à la retenir parfaitement), subjugué par un Johnny Depp poilant... mais sans aucune construction narrative, sans enjeu dramatique, avec beaucoup de répétitions, très peu de prise de risques et très peu de subtilité dans ce que cela critique (les enfants représentant chacun un péché, Willie Wonka à mi-chemin entre le mégalo et le patronat). Assez bâclé dans sa conclusion, parfois niais, parfois long, mais un univers salvateur (à partir du moment où un film vous fait lécher vos babines, on peut dire que sa transposition est réussit). Mais diable, pourquoi avoir foutu ses chansons à chaque "élimination" d'un enfant ? Cela n'a juste aucun intérêt.
J'ai lu que techniquement
Charlie et la chocolaterie n'a pas grand intérêt, car c'est comme un paquet de bonbons que vous mangez mais qui vous ne remplira pas l'estomac et n'a juste aucun apport nutritif. Un peu facile comme comparaison je trouve pour justifier la progression platonique du film, même si j'aime assez la première partie avec la quête des tickets d'or. Mais à partir du moment où l'on rentre dans la chocolaterie, cela ne devient plus qu'un musée où l'on découvre chaque pièce que Burton s'est amusé à colorié. Ainsi j'arrive à rentrer dans le film, mais j'en ressors bien avant la fin.
Charlie et la chocolaterie est le trait d'union entre le meilleur et le pire de Burton, son visuel qui vous accrochera et en même temps sa paresse à faire tout le temps la même chose parce que les gens ont dit "j'aime bien ce qu'il fait, j'en reprendrais bien". Mais là où certains réalisateurs restent ancrés dans certaines thématiques mais parviennent quand même à évoluer, Burton reste dans une constante et ne voit même pas que répétition est synonyme de lassitude. Et ce n'est peut-être pas pour rien s'il livre au cours de la même année son dernier bon film et le premier détestable d'une liste appelée à s'agrandir.
Je ne comprend pas trop l'attachement de certains aux
Noces funèbres. Son cinéma se standardise, Burton désormais commence sa fixette sur Johnny Depp et Helena Bonham Carter, plus aucun autre acteur n'existe pour lui pour ses têtes d'affiches.
Les noces funèbres est pour moi une coquille vide. Comment voulez-vous développer quelque chose en 1h10 dans un film où un personnage est successivement soumis à deux mariées et à deux mondes (vivants et morts)? C'est expédié comme c'est pas permis, l'incursion dans le monde des vivants est un recyclage en version animée de
Beetlejuice. Dès lors, Burton devient un écolo, il recycle ses produits, peu importe si c'est les mêmes visuels, les mêmes cadrages, la même composition spatiale, les mêmes personnages délurés, c'est du déjà vu sans développement, sans évolution, sans plaisir à se retrouver face à des squelettes qui chantent, des Macabées qui se démembrent comme ça leur chante. Mais encore, tout ceci reste assez soft en comparaison de ce qui va venir.
Je ne sais pas, peut-être que j'étais dans un mauvais jour quand je l'ai découvert il y a maintenant un an. Mais c'est un film qui me sort par les yeux quand je vois la façon dont tout commence - le personnage du marié qui récite ses voeux à l'endroit juste où est enterrée la mariée et qui pose l'alliance à l'endroit juste où se trouve son doigt... alors qu'il croyait être près d'un arbre. Non, juste non. Tu ne construis pas un scénario sur un hasard aussi con, d'autant plus absurde que la mariée va mettre 10 plombes à comprendre que c'était le hasard.
Et c'est surtout un film en stop motion qui arrive trop tard.
L'étrange Noël de monsieur Jack (seulement produit par Burton) était une prouesse pour son époque, mais la stop motion n'a jamais vraiment connu d'avenir radieux à part quelques fulgurances (
Chicken Run et
Coraline). En 2005, c'est l'ère de Pixar, l'ère de Shrek en terme d'animation, à côté
Les noces funèbres est trop figé, trop vieux jeu, on n'éblouit pas face à ce genre d'animation. J'ai bien conscience que le public destiné soit différent, mais cela ne pouvait pas écarquiller les yeux de tout le monde à cette époque.
"J'ai une idée, si je reprenais mes personnages des
Noces funèbres avec les même teintes, les mêmes traits de caractères, et pourquoi pas les mêmes acteurs".
Sweeney Todd n'est ni plus ni moins qu'une version live des
Noces funèbres, l'histoire est différente mais la grossièreté avec laquelle le scénario est traité et les personnages développés est absolument la même. Le film est repoussant avec son côté prévisible, Burton n'essaye même pas de tourner un peu à gauche ou à droite sur sa route toute tracée vers un dénouement connu dès le premier acte. Pire, il ne prend plus de gants pour traiter ses personnages, sauf qu'il n'y a plus de personnages mais des acteurs enfermés dans leurs rôles - Johnny Depp sera le monolithe faisant la gueule et Helena Bonham Carter le personnage chelou qui manipule et qui n'est pas très très gentille.
Sweeney Todd n'a aucune identité, aucune personnalité, ce n'est qu'un prétexte à resservir un univers que les gens avaient aimés mais ils avaient aimés pour la nouveauté que cela inspirait. Alors évidemment, reprendre une nouveauté c'est simplement une cause perdue. Au moins Burton a la décence de pomper son univers que le public affectionnait. Alors oui, l'on dira que c'est la première comédie musicale de Burton mais ça ne marche pas dans un film qui devrait au moins avoir une portée dramatique étant donné ce que cela raconte. L'univers de
Sweeney Todd est déjà en soi décalé, mais si Burton ajoute du décalage à cet autre décalage, qu'est-ce que ça peut donner franchement si ce n'est un résultat qui ne ressemble à rien ? Les deux ingrédients ne peuvent se mélanger. Je garde un très mauvais souvenir de ce film qui m'avait vraiment énerver tant toutes ses facilités scénaristiques sont assumés et ne sont jamais incombés.
Et pour son prochain blockbuster depuis
La planète des singes, Burton sera comme un enfant à qui l'on confie un couteau ou une arme quelconque ; un geste irresponsable.
Car si
Avatar a popularisé la 3D, c'est véritablement la faute d'
Alice in Wonderland si elle est partout aujourd'hui étant donné son milliard de dollars au box-office.
Avatar est une anomalie au box-office qu'on ne peut pas (encore) reproduire, le succès d'Alice en revanche a conforté les studios dans l'idée que la 3D pouvait être un sacré bonus dans les recettes, car cela a été un succès atteignable. Bref. L'imagerie est hideuse, aucun travail sur l'incrustation des décors et des personnages, tout sonne incroyablement faux. Burton met de la couleur, des formes, des mouvements partout... pour un résultat qui ne ressemble à rien. Rien n'existe. Là où son univers parvenait à être vivant car au service d'un véritable enjeu scénaristique, le visuel d'Alice c'est du tape-à-l'oeil, du fourre-tout, du full CGI qui ne s'en cache pas et qui en plus est appauvrit par un script de fainéant et de Deus ex machina dont la construction s'assimile à un jeu vidéo avec des niveaux à franchir, des énigmes à trouver et le big boss à affronter à la fin sur un immense plateau d'échec (oh p*tain la subtilité de fou furieux).
Alice in Wonderland reprend les problèmes du Burton d'il y a 20 ans, quand un personnage principal ne l'intéresse pas comme Batman, cela se voit, mais ça c'était quand il n'y avait pas encore Johnny Depp et Helena Bonham Carter. Alors cette fois quand il y a un personnage principal dont il se fout et qui n'est pas joué par Johnny Depp ou Helena Bonham Carter mais qui sont quand même présents dans le film, alors là c'est Verdun, c'est Marignan, c'est Alésia. Le film est construit avec les pieds d'un unijambiste, la débauche d'effets visuels n'est au service de rien du tout, il est tout simplement impossible de croire à cet univers. Rien n'a de sens dans l'évolution du scénario où Alice est dans le déni, puis dans l'acceptation, puis dans le rejet et enfin dans l'acceptation à nouveau parce que l'heure tourne et que le film va bientôt se finir.
La seule vertu d'
Alice in Wonderland aura été de révéler la jeune Mia Wasikowska (et la dame a du mérite pour avoir su construire une "carrière" après ce truc). Car - digression personnelle - je trouve que c'est une actrice qui commence vraiment à être intéressante et qui aura su élever les films dans lequel elle a joué (Stoker, Maps to the stars et Tracks pour ne citer que ceux où elle est l'un des principaux).
Alice in Wonderland aura une suite prévue pour Mai 2016, dirigé par James Bobin, réalisateur des
Muppets sur grand écran et produit par Tim Burton. Etant donné que le premier Alice n'a aucun style, je me demande bien quel sera son implication dans cette suite.
Ce p*tain de
Dark Shadows. Pour une raison qui m'est totalement inconnue, certains le défendent. Alors que pourtant ce film ressemble à une confession, la confession que Burton ne sait plus quoi faire pour occuper ses journées. Là où George Lucas passe son temps à remonter ses films déjà existants, Burton monte un film avec ses films déjà existants. On aura pu attendre un minimum de recul, de fantaisie nouvelle et de décalage bienvenue avec le domaine des vampires et de la sorcellerie, même pas. Faisons de Johnny Depp un monolithe (et un connard dans le film faut l'admettre) et de Helena Bonham Carter une manipulatrice chelou et rajoutons-y des personnages que j'ai déjà fait par le passé : Chloé Grace Moretz est la Winona Ryder de
Beetlejuice et Eva Green la Michael Keaton de
Beetlejuice. Là où
Dark Shadows est très fort, c'est son inaptitude à résoudre quoi que ce soit, on préfère montrer une scène de "bataille" qui part totalement en sucette où on a dépassé le stade de décalage pour être dans de la complaisance gratuite sans effets ni une once de divertissement.
Ce qui m'énerve le plus, c'est que ce film post-
Twilight n'a même pas profiter de l'occasion pour faire du second degré dans le monde des vampires. Merde Burton, tu recycles tes propres films, sauf celui auquel tu aurais dû garder l'esprit parodique (
Mars Attacks). Certes le public est en terrain connu, mais c'est désolant à regarder quand on a vu ça en mieux chez le même réalisateur. C'est un film con quand on y pense quand on voit certaines actions des personnages - Barnabas qui s'arrête à 3 mètres de la falaise où sa copine va se jeter.
Alors certes, il est connu pour implanter une patte certaine dans chacun de ses films, mais si l'on regarde bien, Burton n'a pas tant de films originaux que ça dans sa filmo.
Batman : adaptation
Batman le défi : suite
Ed Wood : biopic
Sleepy Hollow : adaptation
La planète des singes : remake
Big Fish : adaptation
Charlie et la chocolaterie : adaptation
Sweeney Todd : adaptation
Alice in wonderland : adaptation
Dark Shadows : adaptation
Big Eyes : biopic
Alors je sais qu'il manque
Ed Wood,
Edward aux mains d'argent et
Big eyes, mais j'ai tellement détesté ses derniers films que je préfère encore repousser l'occasion de voir ses précieux films (qui me tentent quand même -
Big eyes un peu moins - et que je regarderais un jour de toute façon).
Malgré quelques fulgurances, Burton est un rabâcheur dont la créativité a finit par l'enfermer dans une bulle où il se croit tout permis et de se repomper lui-même sans se demander si on pouvait faire ne serait-ce qu'une petite mise à jour.
Au final, la raison pour laquelle je me méfierais toujours de Burton, c'est que son univers me semble dépassé, sur-vendu et sur-interprété. Et le truc c'est que sur les 12 films que j'ai vu, il n'y en a que 3 que j'aime et c'est justement ses trois où sa folie visuelle et son univers déjanté n'est pas débordant :
Mars attacks est un hommage dans un genre avec beaucoup de codes,
Sleepy Hollow un conte vivant dans un univers plus sérieux que la moyenne chez Burton et
Batman returns une vision dans un matériau qu'il ne possède pas totalement.