Coté interactivité, l'absence de bonus sur la précédente édition Blu-Ray laissait pantois, et bien là encore, Fox rectifie le tir et reprend les bonus de l'édition collector DVD.
Commentaire audio de John McTiernan : (Vost) C'est toujours un évènement quand le réalisateur de
Piège de cristal prend la parole. D'abord parce qu'il n'aime pas trop ça, mais surtout parce que l'homme a beau s'exprimer, avec semble-il peu d'enthousiasme, il parvient à nous livrer des informations toujours mille fois plus passionnantes et précieuses que des dizaines d'autres réalisateurs qui s'évertuent à multiplier les anecdotes foireuses sur d'innombrables autres pistes commentées de DVD tout aussi oubliables.
Le début du commentaire n'a pourtant rien pour nous rassurer. D'un ton peu loquace (on a l'impression qu'on le réveille), McTiernan déclare ne pas se souvenir de l'introduction dans l'espace, prétextant qu'il n'a pas vu le film depuis longtemps. On se dit alors qu'on va devoir guetter les rares moments intéressants où le réalisateur se souviendra de quelque chose. Heureusement, notre appréhension disparaît vite tant le bonhomme a décidé de parler ouvertement, laissant de toute évidence au vestiaire une certaine forme d'hypocrisie qui scie à de nombreux commentaires. Même s'il a tendance à s'essouffler (la dernière demie heure du film est ponctuée de nombreux blancs), Mc Tiernan multiplie les anecdotes du tournage, revient sans cesse sur les difficultés de logistique, évoque ses erreurs de jeunesse (ce n'était alors que son deuxième film et le premier qu'il tournait pour un studio). Parmi les remarques les plus mémorables, on retient sa volonté de ne pas filmer l'intérieur du vaisseau et les trophées morbides du Predator (il trouvait cela répugnant et risible), une scène originalement prévue et donc non tournée qui finira par apparaître dans...
Predator 2. Le réalisateur nous apprend qu'il avait également prévu une scène qui n'a pu se tourner (faute d'argent) où l'on voyait Schwarzy s'élancer de l'avion dans le vide après au passage avoir attrapé un parachute, séquence que l'on retrouve désormais dans...
L'effaceur avec ce même Arnold !!! En écoutant McTiernan se confier (à ce sujet, il est très rare que ses propos suivent les images du film), on peut aisément comprendre pourquoi il est l'un des cinéastes les plus brillants actuellement en activité. Il suffit tout d'abord de l'entendre évoquer le cinéma de Ford et en particulier
Les cavaliers dont il s'est inspiré pour modifier les relations entre Schwarzy et Weathers. Son cinéma en apparence brutal et efficace repose avant tout sur des personnages forts et très loin des stéréotypes de base. Si vous ne deviez écouter qu'une infime partie du commentaire, on ne saurait trop vous conseiller de vous diriger vers la séquence de destruction massive de la forêt par Schwarzy et consorts (chapitre 12, 46mn). McTiernan nous y explique en quoi il diffère de ses petits camarades, juste avides de montrer de la violence à l'écran. Pas dupe pour un sou (il sait qu'on l'a engagé pour filmer des scènes d'action violentes), le réalisateur a voulu pervertir le système en détournant " la fascination presque pornographique " des gens / spectateurs pour les armes à feu en montrant une fusillade extrêmement longue. A la seule différence de taille que les membres du commando tirent sur rien, ils ne font que détruire la forêt. En ce sens, le message de McTiernan est clair : " les armes peuvent être impuissantes ". Message d'autant plus fort et malin à insérer qu'il s'agit ici d'un pur film de studio qui justement cherche avant tout à capitaliser sur cette fascination des armes et de la violence. Le cinéaste a d'ailleurs comme il le souligne, réussi à le faire dans
Piège de cristal lorsque les terroristes s'évertuent à tirer dans les vitres de la tour durant de longues secondes. McTiernan conclue cette longue et pertinente intervention en faisant remarquer que depuis lors bon nombres de ses collègues ont repris cette séquence de fusillade mais avec une différence " subtile " : en face des mitraillettes et des fusils, il y a des gens !!! D'un ton presque désabusé, le cinéaste explique que ce sont les mêmes gens qui alors jouent les innocents et s'indignent lorsque les news font état de tueries (comme celle du lycée de Columbine).
S'il peut saigner, on peut le tuer : Très complet, ce making of revient sur tous les points importants du tournage. Mixant interviews d'époque (notamment McTiernan, Schwarzy, Ventura) et interviews récentes (Carl Weathers, Bill Duke, Shane Black, Stan Winston, le producteur John Davis) ainsi que des images du tournage (difficile de pardonner à Fox d'avoir gardé de tels éléments aussi longtemps sans les avoir intégré dans les éditions précédentes du film), on découvre les multiples difficultés rencontrées sur le plateau notamment celles concernant la fabrication du monstre. L'arrêt du tournage puis l'arrivée de Stan Winston permirent d'arrêter d'utiliser un risible monstre rouge (un homme, peut être Van Damme qui fut un temps chargé d'interpréter la créature, habillé en collant et se déplaçant de manière ridicule dans la jungle avec une grosse trompe sur la gueule). Amusant d'ailleurs de constater qu'une partie du look du monstre, ses mandibules, est à mettre au crédit de...James Cameron qui conseilla Winston lors d'un voyage en avion vers le Japon. Il est également réjouissant de découvrir la franche camaraderie mais aussi la rivalité amicale (testostérone quand tu nous tiens !) qui régnait sur le plateau entre les différents acteurs. A ce titre, ne ratez pas l'anecdote sur le pari perdu par Jesse Ventura qui pensait avoir des biceps plus gros que ceux de Schwarzenegger.
Au coeur du Predator : Section divisée en 7 rubriques qui forment une sorte de making of complémentaire et tout aussi passionnant que le précédent. Tout y est sous-titré en français.
Action classée secrète décortique les préparatifs complexes et le tournage de l'attaque du camp (il s'agit du document ayant le plus d'images d'époque).
Invisible Arnold est un document à la gloire de la star que tout le monde juge adorable, disponible, charismatique,... Bref, c'est un dieu !
Indolore met en vedette la Gatling qu'utilise Jesse Ventura (il s'agit de l'impressionnant fusil mitrailleur) affectueusement surnommé " le vieux pépère ".
La vie intérieure est un hommage à Kevin Peter Hall, le comédien qui se cache sous le costume du Predator. Mort du sida en 1991, l'acteur est ici encensé par ses collègues (de manière réellement sincère) qui insistent sur sa remarquable performance.
Camouflage donne la parole à Scott Eddo, le responsable des maquillages qui revient sur ceux des différents membres du commando.
Bienvenue dans la jungle évoque les spécificités et les conditions d'un tournage dans la jungle.
Création des personnages permet aux acteurs notamment de revenir sur les particularités (physiques ou psychologiques) de leur personnage.
Effets spéciaux : Une section peu pertinente, la faute à un manque total d'explications. On nous présente des documents vidéos muets montrant l'évolution des effets spéciaux concernant la créature, notamment la période " collant rouge ", avant l'arrivée de Stan Winston. Deux rubriques,
Effet costume rouge et
Tests de camouflage. Si on estime que c'est Jean Claude Van Damme qui se cache sous le déguisement ridicule, on peut s'amuser à visionner les différents segments de la première rubrique. Sinon, l'intérêt est plus qu'anecdotique.
Scènes inédites et coupées : Cette section est à la fois mal traduite (il s'agit d'outtakes et non de scènes rejetées comme indiqué), mal présentée (une scène proposée dans la rubrique scènes rejetées est en fait inédite) et surtout fort décevante.
Outre d'être dans un état technique déplorable (copie abîmée, effets spéciaux non finalisés, absence de son pour les explosions, pas de musique)
Fuir le Predator n'apporte pas grand chose : On y voit le Predator s'amuser avec Schwarzy en le visant mais en faisant exprès de le rater.
Caméléon montre Anna en train de ramasser un caméléon juste à l'endroit où est passé le Predator. Les deux autres scènes (en fait il s'agit d'une série de courtes scènes ou plans),
Tendre un piège et
Dévaler la pente constituent des prises non retenues au montage final.
On trouvera enfin les bonus cachés de l'édition DVD regroupées dans une rubrique intitulée
Courts extraits, laissant place à quelques interviews et autres anecdotes de tournage, des
bandes annonces, une
galerie de photos, une analyse (
évolution d'une espèce) de Robert Rodriguez du film de McTiernan, et quelques
éléments promotionnels du nouveau Predator à venir.
http://www.excessif.com/dvd/test-interactivite/test-predator-ultimate-hunter-edition-blu-ray-5898887-760.html