Je crois qu'il y a deux débats distincts en la matière.
Dans un premier temps et c'était un petit peu le point de départ de notre discussion je crois qu'il y a matière à s'étonner de voir des films comme Transformers 2/3 ou Pirates des Caraïbes 4 pulvériser le milliard de dollar de recettes mondiales au BO avec une facilité déconcertante. A ceci il y a néanmoins des explications plus complexes comme on a pu le déterminer que simplement "les gens aiment bouffer de la merde", comme les marché émergents à croissance exponentielles qui attrapent le train d'une franchise plus ou moins bien considérée (voir même le train de la 3D on l'a vu avec le Alice in Wonderland de Burton) mais donc avec un enthousiasme décuplé (c'est le cas de la Russie, de la Chine, de l'Inde et de certains marchés d'Amérique du Sud comme le Brésil) qui comptent aujourd'hui pour quasi la moitié des recettes internationales générées par ces films. Mais on peut remarquer dans le même temps que ces franchises connaissent un déclin régulier sur les marchés historique (US et Europe) bien souvent prévisionnels de la façon dont leurs prochains opus seront amenés à se comporter plus largement.
Et puis il y a matière à se réjouir cette année aussi avec un Battleship à 200 millions qui se ramasse une super mandale (et qui donne matière à faire réfléchir à Bay sur comment poursuivre la franchise Transformers) un Total Recall aussi cher parti pour faire un four du même accabit, me fait me dire que peut-être le grand public est de moins en moins (même si ce n'est qu'à la marge, et même si ça ne touche que quelques films) enclin à bouffer tout et n'importe quoi.
Ceci dit, et c'est l'autre volet du débat il n'empêche qu'en dehors de ces films catastrophiques, presque programmés pour être des échecs, on y vit sûrement une époque à laquelle plus que jamais une large majorité des films à gros budgets est montée davantage par des publicitaires à l'aide de sondages, de graphiques,de prévisions de croissances sur des segments cibles, de screens tests, que par des créateurs avec une idée de la mort et des visuels innovants plein la tête. La raison est à mon avis assez simple, Hollywood n'est plus à son âge d'or, un certains de studios ce sont retrouvées dans des situations financières délicates (jusqu'à l'historique Columbia proche récemment du dépôt de bilan) et il s'agit ni plus ni moins que de couvrir un risque financier (d'autant plus quand le studio est jeune et emprunte pour se financer ce qui est le cas de Marvel Studios par exemple). Et dans ce contexte je ne crois pas qu'il soit possible de le nier, oui faire un chef d'oeuvre est compliqué (mais pas impossible, et les exemples même récents abondent), oui la place laissée à l'imagination est moindre mais je ne pense pas que la situation soit amenée à perdurer non plus (ou les schéma vont être amenés à se complexifier) parce que les ficelles commencent à se voir et ce ne pourra être à long terme que financièrement préjudiciable pour des films sortis d'un moule qui commence à se fissurer.
Mais quand on voit que des Nolan, Abrams, Del Toro, Cuaron, Vaughn font plus ou moins le ciné qu'ils veulent (avec plus ou moins de difficultés mais bon je crois pas que ce soit exclusif à l'époque) avec des Duncan Jones, Rian Johnsson, Edgar Wright, Neill Blomkamp qui poussent derrière (sans que la liste se veuille exhaustive) et peut-être même que demain un Whedon pourra s'appuyer sur le succès de The Avengers pour prendre davantage de libertés sur des gros budgets (chez Marvel ou ailleurs) je me dis qu'on a pas nécessairement beaucoup de soucis à se faire quant à notre anticipation de quelques films singuliers et ambitieux (tu noteras que j'évite soigneusement de parler de chef d'oeuvre) quand bien même Bay resservira sa soupe habituelle à l'occasion avec potentiellement beaucoup d'argent à la clé.
Enfin, et je crois que c'est quelque chose de très liés aux communautés ciné en ligne presque autant qu'à la façon dont l'industrie cinématographique fonctionne aujourd'hui (c'est à dire en basant énormément/trop sur le buzz, en dépensant des sommes folles dans la promotion, faut savoir qu'un film comme TDKR a coûté aussi cher à produire qu'à promouvoir), on ne peut pas échapper aux types qui comme tu le dis ne savent pas recevoir un film parce qu'ils se le sont fait 37 fois dans leurs têtes grâce à l'abondant matériel promo précedent n'importe quelle sortie, scrutent le moindre détail dans un objectif de dénigrement et comparent, oui allégrement mais souvent sur la base de leur culture ciné aussi mince que du papier à cigarette. Et puis le cynisme et à la mode donc ça aide (mais si c'est souvent plus con que cynique). Reste que malgré ce qu'ils peuvent croire ces types ne comptent jamais que pour une infime majorité du spectatorat.