Bon j'ai revu récemment la trilo (on me l'a offert en Blu Ray)
P*tain de trilo pour moi.
Et j'aimerai revenir en particulier pour le 3.
Pour parler de quelque chose que j'avais entrevu lors de la sortie ciné (jamais revu le film depuis) , que certains critiques avaient également pointé du doigt, et qui en ce qui me concerne, se confirme avec ma dernière vision.
Beaucoup seront surement en désaccord et penseront que je surinterprète (possible d'ailleurs), mais tant pis je me lance (et si y en a un qu'est pas content, j'lui pète sa gueule
)
Car au final je pense que Raimi a fait un petit pied de nez aux prods, en projetant sur son héros les problèmes qu'il affronte avec la prdouction de ce 3e volet.
Tout d'abord Raimi se retrouve donc imposer Venom et Gwen Stacy (parce qu'il faut plaire aux fans) et doit donc en plus de ça conclure les enjeux amorcés dans les films précédants (la storyline du Bouffon principalement) en plus d'introduire Sandman (qui lui tient visiblement à coeur)
Un pari intenable à tenir en un film de 2 heures, qui va donner lieu à des charnières scénaristiques totalement bâclées, et même expédiées pour que tout puisse caser.
Mais à quel point Raimi bacle t'il volontairement ses charnières scénaristiques, ses moments explicatifs censés donner cohérence à l'ensemble?
En effet si on y regarde bien, il est amusant de constater à quel point toutes ses facilités fonctionnent de paires avec des séquences qui comptent parmi les plus soignées du film.
Ainsi la séquence complètement baclée de l'accident de Flint Marko, donne ensuite lieu à la sublime naissance de Sandman, l'intro ridicule d'Eddie Brock est suivie par l'épique sauvetage de Gwen, ou encore la coincidence risible de l'arrivée de Brock et Spidey à l'église qui amène à la scène très soignée de la séparation de Peter et du symbiote, et on pourrait en citer d'autres.
Ainsi s'enchaine prétextes scénaristiques, et scènes visuellement sublimes, donnant l'impression que les séquences proviennent presque de 2 films différents, et conférant à l'œuvre un aspect de film "malade".
Un aspect qui me fait dire que Raimi dans son impuissance totale de faire tenir l'ensemble de façon cohérente bâcle volontairement les aspects imposés (Stacy et Brock sont comme par hasard les moins bien lotis) pour se concentrer sur ce qu'il veux vraiment raconter.
Et par là même peut être se jouer aussi de la production (j'y reviens)
Une théorie qui me semble en tous cas confirmer par certaines séquences telles que la conversation Connors/Peter.
En effet alors que Connors explique au téléphone la nature du symbiote (scène explicative, importante, qui devrait apporter un semblant de cohérence) Raimi tourne la scène en dérision, avec un Peter qui n'écoute pas un seul mot des explications fournies, se moque de son interlocuteur, et préfère faire le guignol.
De là à y voir l'expression du peu d'attachement de Raimi envers le symbiote, et plus une mise en abime d'un Raimi pas prêt à faire plaisir aux prods et qui préfère encore une fois développer ce qui l'intéresse en lui...
Un sentiment qui se renforce au vu de l'évolution du personnage.
En effet il m'apparait clair que Peter Parker est devenu la mise en abime parfaite de la franchise Spiderman.
En effet impossible pour moi de ne pas voir dans le personnage la dénonciation ds obligations commerciales, qui transforme une saga cinématographique en vulgaire produits dérivés destinés à plaire au plus grand nombre.
Une théorie que j'appuierai par pas mal de points.
D'ores et déjà à la base on se retrouve avec un Parker, égoiste, arrogant, qui ne ressemble plus vraiment au Parker des deux premiers films, bref, comme si le succès l'avait "corrompu", au même titre que le film lui même...
La remise des clés de la ville est à ce titre un "grand" moment.
L'ensemble n'est pas loin de tourner au burlesque.
La foule est filmée comme une horde assourdissante, aveuglante, à telle point qu'elle influence même notre héros.
En effet cette même foule qui hurle
"Kiss her", avec en son sein, un enfant déguisé en Spidey qui crie
"No Spidey, don't", mais que peut il vraiment face à la foule?
Là encore la mise en abime avec un Raimi impuissant face à la pression des fans me semble évidente.
Au final une scène qui me semble surtout illustrer la corruption même d'une icône par des gens qui prétendent la soutenir, libre à chacun de faire le lien avec la réalité...
Plus loin encore, au final Raimi préfère ridiculiser le symbiote, en faire le symbole de la corruption aussi.
Oui Peter Parker devient encore plus ridicule qu'avant, mais vous l'avez voulu!
Plutôt que d'y mettre de la noirceur Raimi joue de tout les effets les plus kitschs possibles (gros plan sur le visage de Gwen Stacy, cheveux rejetés en arrière par un souffle venu de nul part, etc...)
Notre héros ne sait plus bien qui il est au même titre qu'un film qui ne sait pas où donné de la tête et qui a encore une tonne d'enjeux à régler.
Mais là où Raimi va encore plus loin c'est dans cette fameuse scène finale.
En effet devant ce duel de titans, où la surenchère est reine, ce place un public qui n'a visiblement pas peur et qui reste étonnamment proche d'un affrontement pourtant bien dangereux.
Et voilà qu'ils applaudissent, pleurent, rigolent, le tout sous les commentaires d'une journaliste soulignant inutilement tout ce qui se passe à l'écran!!!
Raimi va ainsi jusqu'au bout de son idée, dénonce une franchise salie par les impératifs commerciaux, dans le but de plaire aux plus grand nombres, tel son héros forcé de combattre un simili King Kong devant une foule qui en redemande, avec son quota de figures imposées (le drapeau américain grossièrement placé, presque en caricature du final du 1er film). Comment ne pas y voir encore une fois la métaphore d'un film sacrifié sur l'autel du commercial, destiné à plaire au plus grand nombre, à se vendre à n'importe quel prix, tel ce Spidey réduit à se battre dans un déluge de CGI devant une foule en délire, on se croirait presque au Zoo ou..... dans un cinéma?!
Mais au final après avoir vaincu Venom, ce double maléfique, ce représentant de l'impératif commercial, tout juste esquissé, jamais vraiment vivant, parasite qui rend le film malade sans jamais rien lui apporter (
"I just like to be bad") une fois ce personnage terrassé Raimi referme les portes de sa trilogie.
Ne se soucie pas de Gwen (qui apparait juste vaguement à l'enterrement) ou de l'avenir de Spiderman.
Non il termine alors sa trilogie de la façon la plus intimiste possible.
MJ n'est plus dans un grand théâtre, et il n'y a plus vraiment de spectateurs, Peter ne déboule pas en retard suite à un affrontement.
Non ces deux êtres se retrouvent dans un petit bar, loin des regards, personne ne les regardent vraiment, pas de "public" ici, pas de show, pas de Spiderman virevoltant cette fois, juste deux personnes dont le futur restera incertain, mais qui tentent de se retrouver tout comme Raimi tente de clore au mieux les enjeux qu'il avait débutés quelques années auparavant.
Au final je vois dans ce film clairement une mise en abime de la condition même de la saga.
Alors sur-interprétation? un peu? beaucoup? totalement?
Je ne sait pas, mais en tous cas c'est sincèrement ce que je vois dans ce film.
Un film que j'ai par ailleurs tout autant apprécié lors de cette seconde vision, car avec son lot d'imperfections et tout ce qu'on pourrait lui reprocher, les grands moments qu'il contient l'emporte.
Car même avec tout ses défauts il me fait voyager pendant 2 heures à travers des séquences hallucinantes, parce que c'est l'un des rares films où les vignettes de comics semblent prendre vie, parce que c'est l'un des rares films qui dans ses séquences d'actions me donnent le tourni et en même temps le sourire aux lèvres, parce que c'est le seul qui arrive à m'émouvoir avec un tas de sable.
Alors au final oui j'aime Spider-man 3.... non j'adore Spider-man 3! (et comme dirait notre ami Yannick Dahan,
celui qui me dit que c'est une bouse: 2 tartes dans la gueule! nan mais oh, pas déconner non plus
)